11 janvier 1943

Hawker TYPHOON Mk Ib
R8802 (code ZH-Q)

 "La rue Auffray " Plélo (22)

(contribution : Claude Archambault, témoignage du 23 mai 2011- Bruno Delmas)

Hawker typhoon mk ib j thompson
© Jean-Marie Guillou

Pilote :

Flight Lieutenant JAMES CLACK (TOMMY) THOMPSON
266 (Rhodesia) SQN, Royal Air Force
Prisonnier Camp n°175 - L3

266 rhodesia sqdn

L'HISTOIRE
PLÉLO. Côtes d'Armor. Village de la rue Auffray. Lundi 11 janvier 1943.

En cette fin de nuit sur la base de Warmwell dans le Comté du Dorset. Sud de l'Angleterre. Le chef d'escadron Charles Green appartenant au No. 266 (Rhodesia) Squadron RAF de la Royal Air Force a reçu l'ordre de départ à l'aube pour une mission d'attaque de cibles à l'opportunité sur les voies ferrées de la région de Saint-Brieuc dans le département des Côtes du Nord nommé ainsi à cette époque de la guerre. Ces missions sur des cibles de rencontre sont appelées du nom curieux de ''Rhubarb'', nom de code propre à toutes les unités de la RAF pendant la 2ème guerre mondiale.

Le Lieutenant Thompson appartient au groupe de chasse ‘’Rhodésie’’. La Rhodésie à cette époque est une colonie Anglaise, elle fait partie de l'Empire britannique. Répartie en deux régions, l'une la Rhodésie du nord (actuelle Zambie), l'autre la Rhodésie du sud (actuel Zimbabwe). Suite à la déclaration de guerre contre l’Allemagne le 3 septembre 1939, l’Angleterre a lancé toute ces forces dans ce nouveau conflit. Les groupes d'aviateurs venus de cette région d'Afrique du Sud-Est sont entrés rapidement dans les forces aériennes de la RAF et ont participé à la bataille de Dunkerque, la bataille d'Angleterre et bien d'autres combats, y compris plus tard celle du 6 juin 1944. La météo de ce lundi 11 janvier 1943 s'annonce favorable, temps frais mais avec de belles éclaircies. Le groupe de combat du Lieutenant Green va prendre bientôt connaissance de cette mission. Il faudra détruire rapidement et efficacement, sur cet axe ferroviaire breton, les trains y circulant en visant de préférence les locomotives facilement repérables à leur panache de fumée. Le trafic est intense sur cette ligne. En effet elle dessert la forteresse de Brest et sa base sous-marine, sans compter tout le déploiement des forces Allemandes dans toute la Bretagne. Par ces voies sont transportés les hommes, les munitions, l'armement, les matériaux. Tout ce dont a besoin l'occupant. La mission n'est pas sans risque car les Allemands protègent ces voies ferrées par des défenses antiaériennes, la Flak. Certains trains sont même composés de wagons armés de redoutables canons. Au briefing se sont présentés les aviateurs qui ont été désignés pour se joindre au Leader de cette mission. Ils sont trois, Le lieutenant Deall, le Lieutenant James Clack Thompson que ses amis surnomment Tommy, et le lieutenant John Robert Dison Menelaws que ses amis surnomment Bob. Tous ces pilotes sont jeunes mais déjà ils confirment leur expérience à manier le redoutable avion Typhoon doté d’ un énorme moteur, le ‘’Napier Sabre’’ et armé de 4 canons de 20 mm Hispano-Suiza HS 404 ainsi que deux bombes de 450 kg, une sous chaque aile.

Vers 8 heures 45, les quatre avions décollent de l'aérodrome de Warmwell. La traversée de la Manche se passe sans problème, à une altitude moyenne. Le leader à l'approche de la côte Bretonne avertit ses coéquipiers et leur demande d'enclencher l’armement. Ils réduisent les gaz et entament leur descente car l’objectif est en visuel. Le groupe survole Étables-sur-Mer quand tout à coup le lieutenant Thompson par radio signale un problème. En effet un nuage de fumée s'échappe de son moteur, également du glycol servant au refroidissement, coule abondamment sous le fuselage. Le Typhoon est en difficulté et très vite il va être en incapacité de se maintenir en vol. Le leader ordonne à tous d’effectuer rapidement un virage serré vers l'est afin de quitter la zone qui semble dangereuse d'où est parti le tir ennemi. Le lieutenant Thompson est trop bas pour s'éjecter et l’appareil n’a plus la puissance pour reprendre de l’altitude. Il ne lui reste qu'une solution, rechercher au plus vite un champ où il va tenter de faire un atterrissage forcé. Il est 9 heures 50 quand il fauche de ses ailes une rangée de chênes sur un talus près du village de la rue Auffray en Plélo.


Le Typhoon après son atterrissage dans le champ, entouré par des allemands
Photo © collection L. Viton & L. Lemarchand


Champ où l'avion a réalisé un atterrissage forcé. Au loin la haie d'arbres sur le talus.
Le Typhoon est passé dans le milieu.Les cimes forment un V encore apparent aujourd’hui.


68 ans après le chêne porte encore les cicatrices du passage du Typhoon dans la haie


Mrs Michel, Pierre et Paul nous ont guidé sur les lieux de
l'atterrissage forcé du Lt Thompson

L'atterrissage mouvementé du Typhoon est raconté dans un témoignage annexe à ce récit. Madame Prual, présente le jour du crash un a évité de peu de peu une mort certaine. Le lieutenant Thompson détruisit son Typhoon après cet atterrissage violent en y mettant le feu, afin que l'ennemi ne puisse le récupérer pour analyser les équipements. Le pilote était blessé à la tempe et saignait. Après avoir reçu des soins dans le village proche il courut se cacher dans un autre hameau. Les Allemands ayant déployé plusieurs centaines d'hommes à sa recherche le firent prisonnier le soir même à 18 heures 30. Ses trois coéquipiers rentrèrent aussitôt en Angleterre après cet événement et établirent un rapport de disparition. Après avoir transité par le Stalag Luft 3 de Dulag nommé aussi Sagan et situé en Pologne aujourd’hui, le Lieutenant Thompson se retrouva en Allemagne, au Stalag Luft 1 qui se situait près de la ville de Barth sur la côte de la mer Baltique au nord-ouest de Berlin.


Photo du plan du Stalag Luft 1 de Barth où le Lt Thompson termina la guerre 
Photo © Col. Joel Johnston

Route d'entrée du Stalag Luft 1 de nos jours.

Photo © Col. Joel Johnston

La 3ème batterie du régiment d'artillerie allemand 3/43 stationnait à cette époque sur la commune d'Étables-sur-Mer. Il faisait partie de la Heer (armée de terre). Ce régiment était équipé d'une batterie de FlaK 30 des plus classiques, en effet 2 canons de 20 mm. Le lieutenant Thompson n'a pas eu de chance d'être touché par ces canons car les servants de ces armes n'étaient guère expérimentés, contrairement aux redoutables batteries antiaériennes de la Luftwaffe (armée de l'air Allemande). Un rapport indique la position de cette batterie au Sud Est d'Étables-sur-Mer. Il est vrai qu'à ce moment les Typhoon volaient à basse altitude se préparant à attaquer.

Jean Michel Martin ABSA 39-45. Le 2 septembre 2011.

Remerciements à Madame Sylvie Prual, 92 ans pour son témoignage particulièrement précis et son aimable accueil à son domicile de Plélo, ainsi qu’à trois témoins, messieurs Michel, Paul et Pierre qui nous ont guidés sur les lieux, et enfin à monsieur Bruno Delmas qui nous fit part de cet événement non répertorié dans notre région.
Remerciements également à nos amis de l'association Gerfaut, Yannig Kerhousse, le Président qui a fait cette recherche concernant Étables-sur-Mer ainsi que Michel Pieto et Pascal Meunier pour leur aide.

PLÉLO. Côtes d'Armor, le 11 janvier 1943. Témoignage de Madame Sylvie Prual. Née Guéno. 92 ans.

‘’Je me souviens très bien de cet événement qui aurait bien pu me coûter la vie. J'avais 23 ans et à cette période de l'année nous étions occupés au nettoyage des talus qui bordaient nos champs. Je me trouvais à ce moment précis dans un petit chemin appelé aussi ''Bonnette''. C'était la guerre et dans les fermes bien souvent les hommes étaient absents. Alors nous devions subvenir à toutes ces tâches souvent difficiles. Ce matin-là armée d'une faucille, j'étais arrivée tôt dans ce petit chemin qui bordait notre champ tout en bas du village de La rue Auffray. Tout était bien calme, quand soudain j'ai entendu un vacarme terrible arrivant sur moi. J'ai aperçu cet avion à basse altitude qui venait dans ma direction, fauchant une rangée de chênes sur son passage, dans un bruit épouvantable. Les cimes des arbres avaient volé en éclats. L'avion arrivait à grande vitesse. Il toucha le sol du champ voisin, puis rebondit violemment en se penchant sur un côté, l'aile percutant le sol le fit pivoter sur lui-même, projetant en l'air beaucoup de terre. J'étais figée par la peur. Puis ce fût un grand silence. Tout s'était passé très vite. Je me suis approchée lentement de cet avion. Je distinguais bien le pilote dans sa cabine. Il ne bougeait plus. Je me posais des questions à son sujet.  Au loin ma sœur Louise plus jeune que moi, qui se trouvait sur le pas de notre porte juste à ce moment, avait tout vu et s'empressa de venir me rejoindre. Les marques de l'avion nous faisaient comprendre qu'il était ami. Après quelques minutes, le pilote se mit à bouger un peu. Cela nous rassura. Puis il se mit à regarder autour de lui. On voyait du sang sur son visage. Il ouvrit la verrière. Sortit tranquillement et lentement descendit de l'avion. Pendant qu'il faisait le tour de l'épave, il nous aperçut. Le mot épave n'est pas trop fort car l'avion avait subi de gros dégâts. Une aile, éventrée sur le dessus nous laissait découvrir des centaines de cartouches bien rangées.   Il s'approcha de nous, très calmement. Il était grand, blond aux yeux bleus. Sa tempe était rougie par son sang. Il ne parlait pas notre langue. Il me fit signe de le suivre. Nous nous sommes mis à courir tous les deux en direction d’un hangar où de la paille était stockée. Il me fit signe d'en prendre une grande brassée. Il en fit de même et nous sommes revenus rapidement vers l'avion. Il mit sa paille dans la cabine et m'expliqua par gestes d'en faire autant, ce que je fis. Puis il mit le feu à la paille. Aussitôt l'avion se transforma en un gigantesque brasier. La fumée s'élevait haut dans le ciel.  Les cartouches remarquées dans les ailes précédemment éclataient sans arrêt sous l'action du feu, ce qui perdura une bonne partie de l'après-midi. Aussitôt après il m’accompagna à la maison. Ma grand-mère Joséphine Dudal s'empressa de lui nettoyer sa plaie avec un mouchoir imbibé de ''goutte'', (eau de vie de cidre). Elle lui en versa une petite gorgée au fond d'un verre. Il aperçut du lait encore tiède dans une casserole. Il demanda s'il pouvait en avoir. Il en but un bol, remercia et embrassa ma grand-mère puis parti à toute vitesse. Il glissa sur le pas de notre porte, se rétablissant in extremis, traversa la cour, passa devant son avion toujours en courant et enjamba le talus où les cimes des chênes gisaient à terre. Il disparut dans les champs voisins. Les allemands arrivèrent en grand nombre rapidement et commencèrent à fouiller partout dans la maison ainsi qu’aux alentours. Ils ne trouvèrent rien. Ils organisèrent tout autour des recherches dans tous les villages voisins. Le pilote avait trouvé refuge dans une maison d’un hameau proche. Les allemands le retrouvèrent dans la soirée. Il fut fait prisonnier. La récupération des restes de cet avion eut lieu par la suite. Le travail fut difficile car la terre était boueuse. Il avait beaucoup plu ces jours-ci. Je vois encore les chevaux tirer ce gros moteur qui glissait sur des rails que les allemands avaient installé dans le champ, le traînant vers la cour de notre ferme. Ce moteur fut hissé après de grands efforts sur un camion. De nos jours personne ne peut imaginer ce qui s'est passé dans ce champ autrefois. Oui vraiment, j'aurais pu mourir ce jour-là.

Témoignage recueilli le 1er septembre 2011. Jean Michel Martin.


                   Madame Sylvie Prual                                         F/Lt James Clack THOMPSON

Bibliographie : A Pride of Eagles:The Definitive History of the Rhodesian Air Force 1920-1980. Salt, Beryl. Weltevredenpark:Covos Day Books, 2001. pp.146-7 & 846.
Col BRUGGY. RafCommands Forums, le 27 mai 2011.




Récit de mon grand-père J.C. Thompson

INTRODUCTION

Je me suis décidée à écrire l'histoire de mon grand-père pendant la seconde guerre mondiale lorsque j'ai appris qu'il avait été un pilote d'avion et qu'il a volé sur des " Spitfire ". Je souhaite évoquer la difficulté d'être un P.O.W.
Lorsque je parlais avec mon grand-père, il n'était jamais agressif ou amer envers les Allemands. Il a été un jeune homme très courageux. Il ne montrait aucune peur et il était fier de  s’être battu pour son pays.
Comme il me l'a souvent dit, il a piloté pour l'esprit d'aventure et non pas dans le but de tuer.

LES PREMIÈRES ANNÉES

Mon grand-père James Clak THOMPSON, est né en Rhodésie, dénommé maintenant Zimbabwe. Il a fréquenté l'école de Milton qui était une école publique très connue à Bulawayo. Il avait sept ans quand il a vu son premier avion et il a alors décidé de devenir aviateur. Il s'est porté volontaire pour la RAF en novembre 1939. C'était alors le début de la seconde guerre mondiale. La Rhodésie était membre du Commonwealth et beaucoup d'enfants se sont portés volontaires à cette époque. En ce qui concerne sa classe, sur 30 élèves, seuls 3 sont revenus de la guerre.

LE TRAVAIL DE L'ESCADRON

Son premier travail s'est trouvé sur un champ "satellite air field ", dans une vieille ferme. Son  travail consistait à effectuer des raids entre la Hollande et la France (les Allemands avaient envahi ces deux pays). La responsabilité principale des 266 escadrons était de protéger et d'escorter les convois de bateaux. Ces bateaux circulaient sur la côte Est de l'Angleterre. L'aviation allemande volait à partir de la Belgique et essayait de couler ces navires. Si ces bateaux avaient été coulés, la Manche aurait pu être bloquée. Les escadrons devaient également protéger l'estuaire de la Tamise et patrouiller sur l'Est de l'Anglia. Les escadrons ont fait de nombreux périples au-dessus de la France. Ils volaient toujours par binômes pendant leur mission. Lorsqu'ils étaient en ordre de bataille, il y avait toujours 12 avions, par 3 équipes de 4.
Il y avait un chef d'escadron et deux commandants de vols. Mon grand-père était le commandant du vol sur le côté gauche de l'avion c’est-à-dire ailier gauche. Il était le responsable du contrôle de la radio entre les avions et leur retour à la base. Lorsque l'escadron accompagnait les bombardiers au-dessus de la France, il y avait 3 escadrons pour protéger les forteresses volantes (bombardiers des USA). Un escadron volait au-dessus du bombardier, l'un au- devant et l'autre derrière. Ainsi, il y avait 36 avions de combat pour protéger un bombardier. Mon grand-père était impliqué dans de nombreux ‘’dogfights ‘’(cela signifie un combat  rapproché).

LES AVIONS TYPHOONS

En 1942, mon grand-père a été envoyé à Muxford au sud de Cambridge en Angleterre. Les avions Spitfire ont rejoint l'escadron 609 et l'UK 56.   Les Rhodésiens étaient tous ensemble.  Les hommes commençaient à voler sur des Typhoons qui étaient des avions de combats.
De nombreuses erreurs ont été commises  sur  les Spitfire qui avaient  une vitesse  de croisière de 530 km/h et une vitesse maximale, 600 km/h. Ils venaient en opérations avec les Typhoons mais sans succès. Lors de la première mission des Canadiens à Dieppe en France, 3 avions ont été perdus. Mon grand-père a déménagé dans le Dorset puis à Warmwell en Angleterre. Il partait souvent en patrouille de Southampton et de l'Ile de Wight  à bord de son  Typhoon. Voir l'article de presse joint " Ils ont mis le Typhoon sur la carte ! "

PRISONNIER

Il a été fait prisonnier dans l'aéroport d'Orly et placé dans une pièce qui était close, il était seul. Il a tenté de forcer la porte avec un clou tiré du lit. Il y avait un Allemand au bout du couloir qui écoutait les nouvelles à la radio BBC. Il a surpris mon grand-père et l'a arrêté. Mon grand-père a été transféré dans une cellule.

TRANSFERT

Mon grand-père, accompagné par un Capitaine allemand a été emmené par le train à Francfort en Allemagne.  Il était maintenu en isolement total. Pour le petit déjeuner, il avait du pain et une tasse de café. Pour le déjeuner, il mangeait des pommes de terre pourries et de la soupe aux choux. Pour le diner, il avait de la soupe à nouveau et des pommes de terre qu'il volait. Les Allemands voulaient obtenir des renseignements militaires de sa part. Une fois encore, il a été transféré dans les camps de Francfort.

Voir le message joint :
Formulaire R.A.F. 96A S.575A (naval) le 12 janvier 1943 à 10 heures aux autorités A.D.W.S. de la part de la R.A.T.G. Numéro P.359.

La demande est la suivante : Pouvez-vous informer Madame A.M. THOMPSON - boite aux lettres 603 à BULAWAYO que son fils, le Lieutenant James Clack Thompson, matricule 80264, de la Royal Air Force est porté disparu. Il s'agit d'un prisonnier de guerre suite au résultat d'opérations aériennes à sept miles au Sud-Ouest d'Etables en France le 11 janvier 1943. La lettre de confirmation suivra. Informer les autorités si une décision est prise. Fin de l'enregistrement à 12h30.

Voir lettre jointe : Référence N°3000/312/1/P.3
Aux autorités des groupes d'entraînement d'aviation Rhodésiens Boite aux lettres 1379 à SALISBURY. Le 11 mai 1943 adressée à Madame AM THOMPSON Hôtel Highbury Route principale à BULAWAYO.

Chère Madame,

Un télégramme a été reçu par la Haute Commission pour la Rhodésie du Sud nous informant que votre fils le Lieutenant JC THOMPSON, matricule 80264 dans les vols actifs, est prisonnier de guerre N°175 et se trouve maintenant au Stalag Luft 111 en Allemagne. Signature : Le Commandant de l'Air commandant le groupe d'entraînement de l'air Rhodésien.

Voir lettre jointe : Référence N°3000/312/1/P.3
Aux autorités des groupes d'entraînement d'aviation Rhodésiens Boite aux lettres 1379 à SALISBURY. Le 4 mars 1943 adressée à Madame AM THOMPSON Hôtel Highbury Route principale à BULAWAYO.

Chère Madame, En complément de ma lettre datée du 30 janvier 1943, l'information suivante nous est parvenue au sujet de votre fils. Il est prisonnier de guerre au stalag Dulag Luft en Allemagne. Signature : le Vice Marshal de l'Air, commandant le groupe d'entraînement de l'air rhodésien.

Voir l'article de journal joint " le rang de l'honneur " 30 janvier 1943

VIVRE DANS UN CAMP DE PRISONNIERS DE GUERRE

JC THOMPSON a été prisonnier de guerre pendant 6 mois. Ils étaient 4 à 8 personnes dans chaque pièce. Pour le petit déjeuner, il y avait du pain et des colis de la Croix rouge. Il y avait un appel obligatoire après chaque petit déjeuner. Pas de conversation possible avec un Allemand. Le déjeuner  était constitué de pain, de pommes de terre pourries, et du poisson, le diner était identique. Ils arrivaient parfois à cuire leur nourriture avec du bœuf en provenance de la Croix rouge. Ils avaient juste assez de calories pour survivre. Ils pouvaient juste marcher dans les allées du camp.
Pendant l'hiver, ils pratiquaient des glissades. James portait encore l'uniforme de la R.A.F. Il y avait une grande camaraderie entre eux et ils partageaient les marchandises envoyées par la Maison de la Rhodésie. Leur seul ballon d'oxygène était l'espoir quand ils pouvaient écouter la radio. Ils en avaient construit une. Ils savaient que les Allemands étaient en train de perdre et que les Russes avançaient vers eux. Ils ont commencé à sauvegarder la nourriture de la Croix Rouge. Il neigeait beaucoup et ils ont construit des chaises en bois. Ils ont évacué le camp à 2 heures un matin. Hitler voulait que les prisonniers de guerre soient emmenés jusqu'à Berlin pour éviter que les Anglais lâchent leurs bombes sur la ville. James et les autres prisonniers ont dû marcher jusqu'à Ckenwalde située 130 miles environ plus loin.

PROCHE DE LA MORT

Une fois arrivés à Berlin, ils ont été enfermés dans des camions à bestiaux et conduits jusqu'à Ckenwalde au sud de Berlin. Dans ce camp, il y avait également des prisonniers Russes qui mouraient de faim. Mon grand-père ainsi que ses camarades étaient sales après avoir voyagé dans ces bétaillères.  Les Allemands ont  emmené les aviateurs dans des douches communes qui étaient en réalité des chambres à gaz. C'est seulement une fois à l'intérieur qu'ils ont réalisé où ils se trouvaient car il n'y avait aucun robinet. Mais le gaz n'a pas été envoyé. Ils ont alors été conduits dans les baraquements où étaient les Russes. Ils mangeaient du gruau et la pire des nourritures. Après quelques jours, les prisonniers Anglais ont été emmenés vers le centre de Berlin dans ces mêmes camions à bestiaux. Il y avait de nombreux combats aériens à ce moment. Les prisonniers Anglais ont été poussés sur les toits des camions afin de servir de bouclier humains et dissuader les Anglais de bombarder la ville. Ils n'ont pas été tués. Ils sont retournés au camp. Les Russes n’allaient pas tarder à arriver et les libérer. Les Allemands en étaient bien conscients et disparurent du camp du jour au lendemain. Ils avaient relâché les prisonniers Russes mais  emmené les autres non loin du camp, ceci pour un mois en attendant la suite des évènements.   
 

LA LIBÉRATION

Après les Russes, les Américains arrivent avec un énorme convoi de camions mais les Russes ne veulent pas laisser partir les prisonniers. Aussi, les prisonniers retournent dans leur camp pour être identifiés. Après un autre mois, la décision est prise : un Russe sera échangé contre un Allié. Les Américains les nourrissent avec du poulet et des crèmes glacées qui les rendent malades parce qu'ils n'en avaient pas l'habitude. Les Américains leur ont donné des vêtements propres mais les prisonniers souhaitaient avant tout rentrer chez eux. Ils ont finalement été ramenés à Bruxelles en avion. Trois jours plus tard jours ils rentrent en Angleterre et sont parachutés à Oxford. Sur le chemin du retour ils ont failli s'écraser avec un bombardier Lancaster. James envoie un télégramme en Rhodésie mais il passe plusieurs mois en Angleterre. Il a pris finalement le bateau jusqu'à Cape Town et ensuite le train jusqu'à la Rhodésie. Il y avait encore du rationnement pour l'essence et la nourriture.
 

Voir l'article de presse avec la photo " Ils sont tous des Rhodésiens ".
Regardez le second homme à partir de la droite sur le premier rang. C'est la marche des victorieux : des milliers de citoyens étaient dans les rues hier lorsque les contingents d'Afriques du Sud et de Rhodésie ont marché à travers Johannesburg pour la parade de la victoire anglaise. La photo montre une partie du contingent y compris les Rhodésiens sur la rue Eloff.

LA PARADE DE LA VICTOIRE

Mon grand-père a reçu une invitation pour la parade de la victoire du roi George VI. Il a pris l'avion de Durban et cela lui a pris 6 jours pour un voyage éreintant. Il y avait 100 hommes en provenance de la Rhodésie qui ont marché. Ils appartenaient à la RAF, l'Armée et la Navale. Mon grand-père a reçu une médaille en souvenir de cette parade.

Voir l'invitation jointe
"Invitation pour rencontre leurs majestés le Roi et la Reine et la reine Mary,

Le gouvernement de sa royale majesté d'Angleterre et d'Irlande, sont honorés d'inviter tout spécialement le lieutenant de l'Air JC THOMPSON à une réception le 11 Juin 1946 à partir de 21 heures au Palace de Court Hampton ".

Merci à Judith Boynton fille du Flight Lieutenant James Clack (Tommy) Thompson
Traduction de la biographie à partir de l'anglais, Annette Mahé.
Remerciements Keith du site internet : Conscript Heroes - keith@conscript-heroes.com

Témoignage de Monsieur Alain Galliot. Maire de Penguily.

Ma mère Azeline Gaubert était née le 22 mai 1917. Au cours de la 2ème Guerre Mondiale elle habitait chez ses parents au village de Trillac en Trémuson, Côtes du Nord à cette époque. En janvier 1943 elle empruntait un chemin creux situé à la limite des communes de Plélo et Trémuson, elle y découvrit sur le bord d'un fossé un calot portant un insigne métallique et deux boutons, l'insigne marqué RAF l'Armée de l'Air Britannique. Elle le ramena à la maison, le faisant voir à ses parents.


Mme Azeline Gaubert

Mon grand-père lui demanda d'enlever cet insigne et les deux boutons pour ensuite brûler le calot dans le foyer de la cheminée. Ce qu'elle fit immédiatement. Mon grand- père ne voulait pas le conserver car les allemands rodaient régulièrement dans la région et il ne fallait aucune pièce compromettante en cas de perquisition. L'ensemble fut placé en lieu sûr dans la boite à boutons familiale ou ils restèrent plus de 70 ans. Monsieur Galliot les retrouva en début d'année 2015. Monsieur Jimmy Tual me fit rencontrer Monsieur Galliot lors d'une commémoration en Mémoire des Déportés à Trébry le 1er mai 2015. Pour moi il était bien évident que ce calot avait appartenu au jeune pilote de la Royal Air Force le Capitaine James Clack Thompson dont l'avion de chasse Typhoon était tombé dans un champ près du village de la rue Auffray à Plélo en limite de Trémuson le lundi 11 janvier 1943. Il perdit son calot lors de sa fuite et fut fait prisonnier le soir même vers 18 heures 30, les allemands en nombre étant à sa recherche.
Le samedi 21 mai 2016 une commémoration en mémoire du Capitaine Thompson fut organisée à Plélo sur les lieux du crash. Sa fille Madame Judith Boynton était présente accompagnée de proches. Elle remis l'uniforme de son père à la commune de Plélo. 72 ans après, monsieur Alain Galliot restitua l'insigne RAF et les deux boutons à la famille.
 

Insignes calot 1

Remerciements à Monsieur Alain Galliot et à Monsieur Jimmy Tual, membre de l'Association Bretonne du Souvenir Aérien 39 45 - AFMD 22 - Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation en Côtes d'Armor.

Jean Michel Martin. Octobre 2015

LA PRESSE EN PARLE !


Janvier 2013

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