21 mars 1941

Handley Page HAMPDEN Mk I (X3132 - code OL-L)
"Le Poulou" & "Rosquiel" - La Chapelle Neuve (22)

(contributeur : Commonwealth War Graves Commission - CWGC)

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Hall Park Books - Warpaint Series N° 057 - Handley Page Hampden And Hereford - Recherche de Barthélémy Barré

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Crest 83 Sqdn RAF
© Crown Copyright?

Equipage (83 SQN, RAF) :

- Sergeant Pilot JAMES OLIVER BARTON (Prisonnier - Evadé)

- Sergeant Pilot MILLAR, WILLIAM ALEXANDER (Tué)

- Sergeant (Navigateur) MacCALLUM DUCAN. (Evadé)

- Sergeant (Opérateur radio /Mitrailleur) WEIR, NORMAN STEWART (Tué)

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Handley Page Hampden Mk I © IWM (CH 3478) - domaine public

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L'HISTOIRE

Vendredi 21 mars 1941. Chute du bombardier de la Royal Air Force HAMPDEN I X3132. No.83 Squadron RAF, du Bomber Command, basé à Scampton, Lincolnshire (centre-est de l'Angleterre).

L'avion s'était écrasé dans un chemin creux entre les villages de "Rosquiel" et "Le Poulou" vers 2 heures du matin. Le bombardier avait quitté sa base, située à 10 kilomètres au nord-ouest de la ville de Lincoln, peu après minuit. Il était accompagné par un autre avion du même type. Ils avaient tous deux la même mission. Cette mission, appelée "Gardening", avait pour objectif la rade de Brest dans le Finistère où chaque avion devait larguer une mine sous-marine d'une tonne, mine qui ensuite serait un piège mortel pour tout navire ennemi entrant ou sortant dans le goulet accédant à ce port stratégique. Après largage, ces mines, au cours de leur descente, étaient freinées par un parachute, évitant ainsi leur explosion provoquée par un contact trop violent à la surface de l'eau et permettant ainsi une entrée verticale dans la mer. Elles étaient ainsi positionnées, prêtes à exploser au passage d'un navire. Avant le largage, l'opérateur chargé de cette action, enlevait 2 sécurités, les rendant ainsi actives.

A bord de ce bombardier moyen bimoteur, on retrouve un équipage de 4 jeunes aviateurs. Le sergent pilote Oliver Barton James "Jimmy", secondé par le sergent pilote Millar William Alexander. L'opérateur radio/observateur est le sergent Weir Norman Stewart, 21 ans qui peut rejoindre, si besoin, en cas d'attaque, un poste de mitrailleur. Le quatrième homme est le sergent Mac Callum Duncan, le mitrailleur. Le plan de vol suivi par les deux avions est identique. Après avoir quitté le Lincolnshire, ils se dirigent vers le sud pour atteindre la Manche qu'ils survolent longuement. Comme prévu, après un virage, ils approchent la région de Brest par le sud afin d'éviter la couronne de défense des batteries antiaériennes de la Flak.

La mission nocturne se déroule sans problème. L'avion vole entre Callac et Guingamp, quand soudain un éclair violent percute le bombardier, le déstabilisant et mettant l'équipage dans une situation dramatique. L'appareil vient d'être touché par la foudre. Un court passage du rapport d'archives indique que la raison du crash serait cette mine qui aurait explosé en vol à l'intérieur de l'avion suite à un arc électrique provoqué par la foudre. Il n'en est rien car le témoignage qui suivra viendra contredire cette thèse. Si la mine avait explosé, il ne serait rien resté, ni de l'équipage, ni de l'avion. Cette mine d'une tonne fut retrouvée dans un champ proche du lieu de crash à environ 150 mètres en avant de l'épave.

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Principe de la mine sous-marine (en anglais)

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Un profil d'un Handley Page Hampden transportant sa mine (dessin source inconnue)

Le bombardier en perdition, vient en pleine nuit, s'écraser dans un chemin creux, sur la commune de La Chapelle Neuve. Le choc est particulièrement violent entraînant la mort des deux sergents Weir Norman Stewart et Alexander William Millar tous deux âgés de 21 ans. Les deux autres aviateurs sont blessés. Le pilote, Oliver Barton James a son bras gauche gravement touché et de nombreuses brûlures le font souffrir. Vu son état, il est difficile de s'échapper. Il est fait prisonnier dès le lendemain par les Allemands et dirigé vers l'hôpital de Morlaix où il subit l'amputation de son bras gauche. L'autre aviateur le sergent Duncan Mac Callum est blessé légèrement à un doigt. Caché dans un premier temps dans une maison à Kerfoen, il est pris en charge par une résistante de 25 ans mademoiselle Marie Françoise Le Roch. Le Sergent Oliver Barton James est hospitalisé à Morlaix jusqu'au 6 mai 1941. Hôpital qu'il quittera pour rejoindre en Allemagne, le Dulag Luft, camp d'aviateurs prisonniers situé prés de Franckfort où il arrivera le 8 mai 1941. Dès le lendemain, il sera dirigé vers l'hôpital Civil de Hohenmark dépendant de ce camp, où il séjournera jusqu'au 29 juillet. En effet son état de santé avait nécessité cette nouvelle hospitalisation.

Le camp de Francfort étant un camp de transit, le 30 juillet, il se verra dirigé vers le Stalag IXC de Bad Sulza près de Weimar (Land de Thuringe). Avec lui, 56 autres aviateurs de la RAF arrivent dans ce même camp regroupant des prisonniers venant de toute l'Europe. Le 2 octobre 1941, le sergent Oliver Barton James, étant donné son handicap, sera de nouveau transféré vers la France. Plus tard, il rejoint la caserne Jeanne d'Arc à Rouen (un de ces camps-prison de moyenne importance appelés Heilag par l'occupant). Il y retrouve 14 compatriotes qui eux aussi avaient été blessés. Le 21 novembre il s'évade de ce camp en compagnie du Sergent Magrath William auquel viennent se joindre les sergents Patterson et Maderson qui, eux, seront repris plus tard. Les 2 évadés malgré leur handicap, arrivent rapidement aux Essarts dans la banlieue de Rouen où ils rencontrent le maire qui leur conseille de se rendre à un rendez-vous en lieu sûr à Oiselles sur Seine où, le 24 novembre 1941, ils sont accueillis par des hébergeurs, résistants. Aussitôt on leur donne des vêtements civils et un bon repas. La même journée, on leur fait prendre le train vers Paris où ils retrouvent de l'aide et un abri sûr. Rapidement ils repartiront en direction de Nevers où ils restent 3 semaines et cherchent à passer la ligne de démarcation. Ligne qu'ils franchiront de nuit sur une barque en traversant la Loire, guidés par un passeur. Plus loin une voiture les attend pour les conduire, toujours de nuit, vers une gare proche d'un lieu dit "Chemin sur la Fosse". Ils arrivent en gare de Marseille le 22 décembre à 6 heures du matin où une dame les attend.

Le 24 décembre, les sergents Oliver Barton James et William Magrath quittent Marseille pour Toulouse puis Carcassonne. Ensuite ils prennent la direction de Perpignan où on les attend à l'Hôtel d'Angleterre. De là , un passeur les dirigera à pied par des sentiers, le long de la côte via Port Vendre et Banyuls, puis vers la Frontière espagnole où ensuite ils rejoignent la gare de Vilajuiga en Catalogne. Ils paient ce passeur la somme de 12 000 francs chacun. A Marseille, leurs hébergeurs avaient pris soin de leur donner l'argent nécessaire. Voyage très éprouvant, qui les conduit ensuite au Consulat Britannique à Barcelone le 29 décembre 1941. Le 4 mars 1942, les sergents Oliver Barton James et William Magrath quitterons Gibraltar à bord d'un bateau et arriverons en Grande Bretagne à Gourock en Écosse le 7 mars 1942.

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L'habitacle du Handley Page Hampden (document : source inconnue)

TEMOIGNAGE MONSIEUR PAUL PATAOU, HABITANT DE LA CHAPELLE NEUVE

Je me rappelle de cet accident d'avion qui avait eu lieu en 1941. L'avion était venu de nuit s'écraser dans le chemin qui mène à la ferme de Rosquiel. Deux des jeunes aviateurs furent tués sur le coup. Le maire de l'époque, Guillaume Lancien, organisa leur enterrement le lendemain après-midi dans le cimetière communal. Les Allemands ne voulant pas que les habitants de la Chapelle Neuve viennent y déposer des fleurs sur leurs tombes, placèrent des noms Allemands sur les croix. Les services Britanniques après-guerre vinrent chercher leur dépouille pour les inhumer dans un autre cimetière. La chute de l'avion avait propulsé une torpille à 150 mètres en avant, dans un champ. C'était un énorme cylindre tout en longueur. J'étais venu voir l'avion détruit. Cette énorme "torpille" dans le champ semblait préoccuper l'occupant. Les jours suivants, ils décidèrent de la faire exploser. Les Allemands étaient venus dans les villages proches prévenir qu'il fallait ouvrir les fenêtres et ne pas se rendre dans cette direction. A l'école nous avions tout ouvert les fenêtres et la nous avions entendu cette violente déflagration. Les jours suivants, j'étais venu me rendre compte qu'il y avait un trou énorme d'une dizaine de mètres de diamètre. A la ferme de Rosquiel proche du lieu de crash, il y eu des dégâts. Le trou fut rebouché par la suite.

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Photo aérienne de l'IGN de 1952, lieu de l'explosion de cette mine par les Allemands

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Registre des décès de la commune de la Chapelle Neuve

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L'Hampden est tombé dans la route au niveau du premier arbre à gauche


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La ''Torpille", la mine est arrivée en haut de ce champ

Le Sergent Duncan Mac Callum, conduit à Lyon par mademoiselle Le Roch, continua son évasion vers Marseille où il arriva le 8 mai 1941. Pris en charge par une filière, cette dernière le dirigea vers Perpignan. Il n'était pas seul dans son périple, il était accompagné par un autre sergent de la RAF, le sergent W H Batho (Royal Artillery). Tous deux arrivèrent à Figueras le 10 mai. Le 27, ils étaient à Saragosse et le 3 juin à Miranda d'où ils arrivèrent à Gibraltar. Le 4 juillet 1941 ils prirent le bateau pour rejoindre Glasgow.

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Le Sergent James après son arrivée à Gourock en Écosse, fait part à ses supérieurs de son désir de continuer le combat. On lui fait remarquer son handicap, son bras gauche ayant été amputé, il n'en est rien, il manifeste sa force, son désir de piloter de nouveau et de combattre. Reconnaissant son courage et sa volonté, ses supérieurs lui apprennent qu'il va pouvoir rejoindre un escadron de chasse et qu'il aura la possibilité de voler de nouveau. Préalablement, il recevra un bras artificiel.

Il reçoit rapidement son ordre de mission et apprend qu'il est affecté au No. 245 Squadron RAF, basé à Lympne dans le Kent (sud-est de l'Angleterre) mais aussi qu'on lui attribue une permission de quelques jours. Le sergent James était marié. Il put rendre visite à son épouse Sylvia ainsi qu'à ses parents qui habitaient Cookham Dean sur les bords de la Tamise dans le Berkshire. Sa permission terminée, il rejoignit comme prévu la base RAF de Lympne dans le Kent. Très vite il est entraîné à piloter malgré son handicap. Tout allant pour le mieux il redevient opérationnel.

Le 26 mai 1942 il apprend qu'on lui décerne la Distinguished Flying Medal, haute distinction des pilotes anglais ainsi que le grade de Flying Officer (Lieutenant). La Gazette de Londres lui consacre deux petites lignes, comme elle le fait pour chaque médaillé. Le Sergent James participe à plusieurs missions d'escorte de bombardiers, sur l'Allemagne mais aussi sur la France. Il découvre le ciel de Brest qu'il n'avait pu atteindre en 1941. Le dimanche 4 octobre 1943, en fin d'après-midi, au-dessus de la Normandie, il est en mission de reconnaissance à bord de son Hawker Typhoon JP434. Soudain, au-dessus de Champenard dans l'Eure (nord-est d'Evreux), il est violemment attaqué par un chasseur Focke Wulf 190 de la Luftwaffe piloté par le Feldwebel (Adjudant) Siegfried Lemke appartenant à la 1ère Staffel du Jagdgeschwader 2, basé à Bernay dans l'Eure. (Siegfried Lemke, signait ce jour là sa 9ème victoire sur 56 à la fin de la guerre).

Le Typhoon JP434 est gravement touché et amorce sa chute finale. Le pilote n'a pas le temps de s'éjecter. Il meurt dans le crash de son avion. Le pilote Allemand revendiquera cette victoire à 17 heures 33. Le valeureux Lieutenant James reçu à titre posthume la médaille militaire. Il avait accompli 25 sorties au sein du 245 Squadron, dont 24 vols opérationnels, totalisant 161 heures de vol. il avait 23 ans.

Le Flying Officer Oliver Barton James est inhumé au cimetière communal Saint Louis d'Evreux dans l'Eure. Quand au corps du sergent pilote Millar William Alexander, originaire de Belfast en Irlande, il repose au cimetière militaire britannique de Bayeux. Le corps du sergent Weir Norman Stewart, originaire du village de Clarkston, dans l'Est du Renfrewshire en Écosse demeure, comme son camarade, dans le même cimetière à Bayeux.

Témoignages recueillis par Jean Michel Martin et Daniel Dahiot, le 15 février 2012.
Merci à Monsieur Paul Pataou pour son témoignage ainsi que son aimable accueil. Merci également à Monsieur Coantiec.
Merci à Monsieur Jean Paul Rolland pour son aide et son autorisation de publier son écrit du Pays d'Argoat 2003.
Remerciements pour son aide à Keith Janes du site Escape Evasion pour nous avoir fourni les dossiers d'évasions des deux aviateurs.

In memoriam
Bayeux War Cemetery

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Sergent pilote Millar William Alexander                           Sergent Weir Norman Stewart       
21 ans, tombe VIII.C.11.                                              21 ans, tombe XVII.F.20.

La presse en parle !

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Ouest-France - 25 avril 2013

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