NZ.402214 Flight Lieutenant F.Reece,
500 Squadron, Coastal Command. 29.9.41.
Concord, Green Island, Dunedin, New Zealand.
Atterrissage forcé dans la mer à côté de la plage de St Efflam, Côtes-du-Nord (Côtes d'Armor). Libres pendant six semaines, un contact fut pris à l'adresse ci-dessus avec une organisation française par l’intermédiaire de Madame Le Due.
A partir de St Efflam nous étions dirigés vers un vieux château et reçûmes de l'aide d’une dame âgée, son fils et sa fille. Il n'y avait aucun nom de révélé. Je me souviens que c'était à côté d'une ferme située à environ 27 kms et légèrement au sud de Morlaix. Toujours aucun nom de communiqué. J'étais hébergé dans la ferme d'un couple âgé et mes deux sergents étaient dans une autre ferme à côté et tenue par une veuve.
Là nous avions reçu la visite d'un professeur qui parlait anglais couramment. Il resta sur une courte période et était de toute évidence une personne importante. Un autre homme grand et de peau mate, nous rendit visite pour prendre nos photos pour des passeports qu'un autre monsieur nous délivra. Notre destination suivante fût pour la gare de Guingamp, dans une petite voiture. La conductrice était une femme d'une cinquantaine d'année, costaude et qui nous avait conduit du château à la ferme. Nous fûmes accueillis par un homme âgé de 30 à 35 ans et qu'on appelait Monsieur Georges. Il était de taille moyenne. Il acheta les tickets et nous guida sur notre trajet vers Rennes où nous allions changer de trains pour finalement arriver à Nantes. Là nous fûmes conduits dans un appartement au 3ème étage, occupé par une femme de 35 ans, son fils âgé de 7 ans environ et sa sœur de 22/23 ans. Il y avait aussi un autre garçon de 14 ans et des inconnues. Le mari de la femme se trouvait dans la Zone Non Occupée.
Nous maîtrisions mal la langue française même après 6 semaines, aussi nos conversations étaient limitées. A Nantes, nous attendîmes que notre voyage en direction du sud soit organisé. Au bout d'une semaine environ, les choses ont commencé à prendre un sérieux tournant. Le commandant de l'armée Allemande du coin fut assassiné (1). Nous avions réussi à rester cachés pendant quelques temps pour être finalement découverts le 10 novembre. Nous ignorions comment cela pût se produire. On nous conduisit sur Angers. Pendant dix jours nous fûmes mis à l'écart dans un emprisonnement solitaire, avec seulement un entretien et durant lequel la femme de l'appartement de Nantes entra dans la pièce pour seulement prononcer la phrase suivante "oui, ce sont les hommes". On ne nous demandait rien la concernant. On nous posa quelques questions mais peu d'attention nous était apportée sauf pour nous dire que nous étions considérés comme des espions (nos uniformes avaient été jetés peu après notre atterrissage).
Le 21 novembre, nous étions transportés en bus à Versailles pour la prison de Fresnes. Il y avait deux bus, le premier était rempli de femmes dont je reconnaissais certaines qui m'avaient aidé. Madame Le Due nous faisait signe et ne faisait pas un secret de nous connaître "nous les trois Anglais du bus suivant". Le deuxième bus était rempli d'hommes et la seule personne que je reconnus fût le professeur qui parlait couramment anglais et qui nous ignorait.
A la prison de Fresnes nous fûmes mis en isolement. Ainsi nous passâmes 3 mois et demi dans l'ennui en solitaire, dans le froid et avec très peu de nourriture. Plus tard en février, on nous emmena séparément sur Paris pour être questionné. Nous avions notre propre version à nous face aux questions. Elles étaient les suivantes : "qui étaient les personnes qui vous ont aidé ?, reconnaissez-vous cet homme sur la photo ?, vous a-t-il aidé ?" etc…Nous étions évasifs et prétendions avoir oublié et être dans l'incertitude.
Cela fonctionna puisque peu de temps après nous étions transféré au camp Dulay Luft. Là, nous restâmes 3 jours et demi en prison. J'étais très malade pendant cette période. J'avais attrapé la dysenterie et la grippe. Nous étions arrivés au camp Dulag Luft le 1er ou le 2 mars 1942. Nous racontâmes notre histoire à S/Ldr. Elliot, l'officier Britannique Senior qui ne pouvait seulement nous répondre qu'il en parlerait avec le commandant du camp. Je quittais ensuite Dulag Luft pour Stalag Luft 3 aux alentours du 10 avril 1941. Mes deux sergents quittèrent un peu plus tard vers les camps NCO et ensuite je perdis tout contact avec eux.
Une fois à Stalag Luft 3 je n'étais plus dans un isolement pour évadés et travaillais dans un petit groupe sur la construction d'un tunnel. Nous n'étions pas productifs dans le camp Est et donc nous partîmes pour le camp nord. Ici le travail des évadés était organisé sur une base du camp avec le dernier chef du régiment Roger Bushell alias Big X sous W/Cdr.Day et Lt.Cmd.Fanshaw i/c dispersal.
Je travaillais depuis le début avec cette organisation d'abord comme "Pilote de devoir", puis comme distributeur en pharmacie et enfin comme tunnelier. J'ai manqué l'occasion du tirage pour l'évasion quand le tunnel fut enfin construit le 24 mars 1944. Dès lors le travail d'évasion fut limité. J'étais transféré à Tramstadt Ost et finalement à Lubeck où nous fûmes libérés le 2 mai 1945.
(1) Le 20 octobre 1941, le responsable des troupes d'occupation en Loire-Inférieure, le lieutenant-colonel Karl Hotz, est abattu à Nantes par des résistants. En représailles, les autorités allemandes d'occupation fusillent, le 22 octobre 1941, 48 prisonniers pris comme otages à Châteaubriant, Nantes et Paris. Source wikipedia.
Traduction des courriers de l'Anglais en Français : Laurence Thomas. Le 25 janvier 2013
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