L'HISTOIRE
Le 17 décembre 1942. Décollage à 07h25 pour une patrouille anti-sous-marine du Coastal Command (10 Operational Training Unit, RAF (Abingdon, Berkshire; détachement à Saint Eval, Cornwall - rattaché au 19 Group). Le Whitley Mark. V EB363 était armé de quatre bombes de 250 lb. Des charges de profondeur dans l'Atlantique. Vers 12h40, le Whitley opérait au large de la côte nord-ouest de la France quand il fut intercepté par un chasseur et abattu en mer. Les corps de cinq des six membres de cet équipage ont été récupérés le long des côtes françaises.
Le corps du Pilot Officer Vivian James Wotton est inhumé en date du 17 décembre 1942 au cimetière de Dinard. Nous ne possédons pas d'autres informations sur la découverte de son corps. N'ayant pas trouvé le registre original de ce cimetière, registre détruit, nous avons juste un document relatant un relevé sans doute à partir du document original. La date du décès étant bien notée à l'époque pour le 17 décembre 1942, nous pouvons en déduire que ce corps fut retrouvé le jour même du crash. Son nom et les initiales de ses prénoms, ainsi que son matricule 126 963 étant bien notés dans le registre de l'époque.
Le second corps rejeté à la mer, est celui du Sergeant. (Pilot). Maurice Thorpe Denham, 31 ans, appartenant au Royal New Zealand Air Force 10 OTU. Il sera retrouvé sur l'île du Loch (Archipel des Glénan), le 3 février. Le troisième corps découvert le 11 mars à Plouézec est enterré ce même jour au cimetière de Saint Brieuc. Un autre corps inhumé au cimetière de Saint Brieuc est celui d'un sergent inconnu, retrouvé le 17 mars 1943 à Dahouët à Pléneuf. Ce sergent fut enterré le 19 mars. Nous pouvons supposer que le corps de ce sergent est celui du Sergeant Richard Rawcliffe. Ce grade correspondant à cet aviateur, le sergent Richard Rawcliffe repose toujours parmi les inconnus, son nom est inscrit sur le mur des disparus. Panel 92. Memorial, Runnymede.
Quant au Pilot Officer Robert Sword et le Flight Sergeant Thomas Henry Miller, tous les deux sont aussi commémorés sur le mur des disparus, nous n'avons pas à priori de corps d'inconnus inhumés dans d'autres cimetières en Bretagne.
Ce Armstrong Whitworth Whitley Mark V EB363, a été revendiqué par le Leutnant Artur Thies de la 14 stafel du Kampfgeschwader 40 : 14W/ Bay of Biscay à 12h15. Les coordonnées de l’attaque seraient de 47 50 N, 008 00 O, ce qui la situe dans l'océan à environ 250 kms au large de la Pointe du Raz.
Il est difficile d'apporter une réponse concrète au destin étrange de cet équipage, d'élaborer un quelconque scénario. Trois corps ont été retrouvés entre Paimpol et Dinard au nord-est de la Bretagne. Quant au corps du Sergeant. (Pilot) Denham, le capitaine du Whitley, nous doutons fort que celui-ci fut le premier à abandonner son avion, le lieu de revendication, côté Mer Celtique étant fort éloigné du lieu de la découverte de son corps.
Un scénario possible est envisageable : le Whitley est revendiqué comme nous le savons bien au large à l'ouest de la Pointe du Raz. Le pilote, le Sergeant Denham, prends le cap direction Est, une partie de l'équipage abandonne l'avion en mer et le pilote resté seul à bord, désorienté, blessé, met le Whitley en pilotage automatique. Georges, surnom donné au pilote automatique, ramène l’appareil vers les côtes du Finistère où il se crashe en mer. Comme nous le savons le corps du malheureux pilote sera retrouvé presque deux mois plus tard sur l'île du Loch.
Recherches d'Andrew Wotton (neveu de Vivian James).
D'abord un aperçu général qui traduit ce qu’était un OTU (Unité de formation opérationnelle), qui menait de longues patrouilles anti-sous-marine. Il s'agit d'un résumé trouvé sur un forum, bien que ne faisant pas référence à cet avion spécifique, il est très instructif sur la nature de leur travail :
"J'ai fait quelques recherches limitées pour le 10 OTU d'Abingdon et du 10 OTU, détachement à Saint Eval, où mon oncle a stationné sur ces deux bases. Je possède l'ORB pour St. Eval, mais seulement pour mai 1943, il est assez bien détaillé et de très bonne qualité. Le 10 OTU, détachement à St. Eval a été une unité opérationnelle de combat, mais au Coastal Command ! Pourquoi a-t-il été appelé OTU ? je n'ai jamais vraiment compris (peut-être en raison de son caractère temporaire).
Dans le cas où vous ne le saviez pas, le 10 OTU à Abingdon était un typique squadron du bomber command OTU où, sur l'obtention du diplôme, les équipes étaient affectées à un squadron opérationnel (ou un HCU s'ils devaient passer à l'un des bombardiers lourds). Pendant ce temps, le bomber command prêtait des squadrons et d'autres équipages au commandement du littoral pour étayer les patrouilles anti-sous-marines (AS). Le 10 OTU, le détachement de St. Eval était une unité temporairement détachée du bomber command et il était géré par le Coastal Command. Les équipages qui ont terminé leur formation à Abingdon ont été prêtés à St. Eval pendant environ 4 semaines. Pour être très brièvement formé sur une journée à la lutte anti-sous-marine aux largages de charges en profondeur, etc. Ils étaient alors censés effectuer environ 6 patrouilles de 10 heures, puis renvoyés au bomber command. Chaque patrouille de l'AS comptait pour une demi-opération de leurs missions de bombardement qui étaient de 30 sorties. Ne vous méprenez pas, ces patrouilles étaient épuisantes et dangereuses. La météo exigeait souvent de voler à des altitudes très basses, malgré que les sous-marins ennemis étaient bien équipés pour se défendre à la surface. Les avions allemands patrouillaient également les cieux. Parfois, les retours vers les aérodromes se faisaient en plein brouillard et presque en panne de carburant.
Vous remarquerez que Chorley énumère un équipage de six (un équipage Whitley étant de cinq hommes). Le sixième, parfois un homme différent pour chaque patrouille, était un pilote nouvellement formé (juste diplômé d'un AFU et destiné pour le Coastal Command) mais toujours en formation pour assister à leur propre OTU. Ils étaient sur ces patrouilles pour "apprendre les cordes" et assurer certaines des tâches lors des vols et surtout si le pilote automatique «george» ne fonctionnait pas. De plus une paire d’yeux supplémentaire n’était pas négligeable."
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