12 juin 1944

Supermarine SPITFIRE LF Mk IX
MK471 (code SK-N)

Maroué (22)

(contributeurs : Jean-Michel Martin, Pascal Lebigot - ABSA 39-45)


Spitfire mkix mk 471 moffat wilson
© F3V Factory

Pilote :
Pilot Officer Donald MOFFAT-WILSON
mort le 12 juin 1944 à Maroué (22)
No 165 SQN, Royal Air Force
Tombe : Bayeux War Cemetery. Grave XVIII. F. 4.


Photo © Family MOFFAT-WILSON

L'HISTOIRE
Le 12 juin 1944, Maroué, Côtes du Nord. crash du Spitifire de Donald MOFFAT-WILSON, pilote de la ROYAL AIR FORCE.

Vers 9 heures, plusieurs appareils décollent de l’aérodrome de PREDANNACK en Cornouaille Anglaise. Ces pilotes appartiennent au 165ème Squadron de la RAF. Leur mission aujourd’hui sera de détruire tout avion ou groupe ennemi sur le sol Français. Nous sommes six jours après le débarquement de Normandie et les allemands cherchent a renforcer leur front de défense ce qui entraîne de nombreux mouvements de troupes vers cette région.
Les aviateurs volent sur une merveille, le fameux Supermarine Spitfire Mk IX. 
Il est équipé de deux canons de 20 mm et de quatre mitrailleuses Browning de 7,65 mm. La puissance de feu est énorme comparée à celle de l’adversaire. La formation, après avoir survolé la Manche, part à la recherche de l’ennemi sur la partie Est du département des Côtes-du-Nord à l’époque. Vers 11 heures, elle aborde la région de Lamballe (très surveillée du fait du passage de la voie ferrée Paris-Brest) par le nord. Quand soudain, au sud ouest, elle repère une longue colonne allemande qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser fait mouvement d’est en ouest. Quelle en est la raison ? Impossible de le savoir. Une chose est sûre, c'est qu’elle voyage depuis plusieurs heures, car signalée en différents endroits. Elle est composée de plusieurs attelages hippomobiles et de très nombreux soldats, biens armés. La colonne allemande s’étire dans les méandres de la route qui traverse la rivière de la "Truite" en direction de Saint Brieuc. Les éléments avancés sont déjà en haut de la côte près du lieu dit "Le Pélican". Le leader du groupe donne l’ordre d’attaque. L’un d’eux est un jeune pilote de 21 ans, Donald Moffat-Wilson, Irlandais, originaire de Dublin. Il se lance à son tour dans ce pilonnage. Il vole trop bas et ne voit pas la ligne électrique qui se dresse en travers de sa route. Un témoin rapporte que la queue de son avion accrocha les fils électriques - ces derniers ne s’en sont pas rompus - et l’arrière heurta le poteau, le détruisant au sommet (poteau en bois). Déséquilibré, l’avion a continué de voler mais c’en était fini, bien que l’aviateur ait tenté de repartir en augmentant la puissance de son moteur. Rien n'y fait, il est déséquilibré à nouveau. La puissance ne peut empêcher le crash et il vient heurter les faîtières du toit de la ferme située dans la vallée (aujourd’hui détruite pour laisser place à la quatre voies). Ensuite tout va très vite. Le pilote ne maîtrise plus rien. L’avion continue sa course folle, traverse la route de Maroué, ensuite plonge toujours à une très grande vitesse dans un petit champ, creusant un trou de deux mètres de profondeur. (Trou rebouché il y a quelques années par l’agriculteur qui ne comprenait pas pourquoi il était là).


Notez le parcours du Spitfire, depuis la perte d'une aile après avoir accroché les faitières du toit de la maison.
Après avoir touché le sol, il a réalisé un vol plané de presque 1 km 5 sur le ventre.

Ce contact avec le sol freine peu l’avion qui vient percuter les arbres du petit bois appelé le bois vert, et, rentrant dans ce bosquet, il arrache tout sur son passage. La vitesse d’inertie détache le moteur et le propulse dans un champ voisin, sachant qu’après ce bois, il traversa la route de Meslin. Le malheureux pilote meurt dans le crash de son avion. Les allemands accourent rapidement sur les lieux et interdisent à la population d’éteindre le feu qui, par ailleurs, pouvait s’étendre à tout le bois. Heureusement, il n’en fut rien.



L'impact de l'aile sur un pin sur le talus en bordure
du "Bois Vert en Maroué", 64 ans après la crash.



Le trou rebouché avec une différence de couleur.


Un impact sur un autre arbre.


De l'intérieur du bois, le V dans le talus provoqué par le passage du moteur,
la traversée de la route de Meslin et la chute dans le champ à 70 mètres plus bas.

Un témoin rapporte l’immense panache de fumée s’élevant dans le ciel. Les restes du pilote, à la demande des occupants, furent enterrés dans la ferme voisine au village de "Bellevue" tout près du puits. Le recteur de Maroué, l’abbé Blanchard, organisa une cérémonie mortuaire auquel participa la population voisine. Tous les jours suivants, des fleurs étaient déposées sur la tombe et chaque jour les allemands venaient les enlever et les jeter sur le tas de fumier de la ferme. Agacés, ils menacèrent si cela recommençait. Après une inhumation d’un an environ en ce lieu, Moffat-Wilson fut transféré au cimetière militaire de Bayeux dans le Calvados.
Curieusement sa tombe est située à l’extrême sud ouest, dans l’angle, comme tournée vers la Bretagne. Il faut rapporter la suite de cette attaque qui fut particulièrement meurtrière. De nombreux allemands y laissèrent la vie. Un Français âgé de 68 ans, qui rentrait d’une cérémonie familiale à Rennes, fatigué par une longue marche, demanda aux allemands la possibilité de s’asseoir a l’arrière d’une des charrettes. Bien mal lui en prit car il mourut sur le champ. Cet homme se rendait a Binic. De nombreux chevaux furent tués. Les allemands demandèrent de l’aide à la population pour les enterrer dans une carrière proche. Un témoin rapporte une anecdote : sur la butte du "Pélican", en haut de la côte, un menuisier au début de la guerre avait laissé dans un champ un diable c’est-à-dire un système de transport de tronc d’arbre que des chevaux tractaient. Vus du ciel, nos pilotes prenaient l’ensemble pour un canon et à chaque passage envoyaient une rafale ; à la fin, il finit par s’écrouler.

Au début de nos recherches, le pilote était identifié comme Canadien. Il s’est avéré au cours de nos investigations que ce terme de canadien était attribué à tous les pilotes alliés dans le langage de la population. Un témoin rapporte aussi que cette colonne, traumatisée par cette attaque, mis trois jours a se ressaisir. Ce crash est chiffrable en distance : il est étalé sur environ 900 m. Merci à toute les personnes qui on apporté leur témoignage pour que perdure la mémoire du sacrifice de Donald MOFFAT-WILSON, mort comme beaucoup d’autres pour la démocratie et notre chère LIBERTÉ.


Extrait du DAILY TELEGRAPH et du MORNING POST en date du mercredi 5 juillet 1944.

"
DISPARU. MOFFAT WILSON.
Disparu au cours d'une opération aérienne récente au dessus du territoire ennemi. le Pilot Officer Donald MOFFAT-WILSON. R.A.F., agé de 21 ans, le plus jeune fils de Monsieur Guy B. MOFFAT-WILSON et de Madame MOFFAT- WILSON, Albyn.North-Church. Herts. Tout complément d'information serait apprécié."

Jean Michel MARTIN et Pascal LEBIGOT. Association Bretonne du Souvenir Aérien 39-45. 26 novembre 2008.
Source documents : Air Historical Branch (RAF) Courrier du 05/12/2007

DONALD MOFFAT-WILSON
Donald Moffat Wilson est né le 14 février 1923. Il était le dernier enfant d'une fratrie de cinq enfants : Patrick, son frère, est né en 1916 ; sa sœur Joan est née en 1917 et Margaret et Elizabeth sont sœurs jumelles.


De gauche à droite : Patrick, les deux petites jumelles Elizabeth et Margareth, Joan et Donald qui avait 8 ans à l'époque.


Patrick, Donald et Joan

La famille Wilson est une vielle famille d'origine Irlandaise. Le grand père et sa femme, Edith Prenter, étaient des fermiers installés dans le Nord de l'Irlande à Groomsport. C'est là qu'est né Guy Bargo Wilson, le père de famille ; Patrick, le 14 mai 1916 et Joan, en 1917, sont également nés à Groomsport. Quelques années plus tard, le grand-père s'installe à Dublin et y tiens une agence de change. Il demande à son fils Guy de venir l'aider. Guy et Edith emménagent à Dublin en 1919. En 1924, le père de Donald change son nom ou du moins ajoute le prénom de son père, Moffat. Il y avait trop de Wilson dans le monde des affaires à Dublin en ce temps là. Le grand-père Moffat était un champion d'échec, classé cinquième en Irlande.


Elisabeth (Beth), Edith et Donald.

Donald fut lycéen dans une école privée à Sherborne School dans le Dorset, Angleterre. Son frère, Patrick, a été également lycéen, mais dans une autre école privée en Angleterre. Sans doute, la fortune familiale fut affectée lors du 'crash' de 1929, et la famille déménagea en Angleterre en 1940.


Donald Moffat Wilson à 15 ans. Il vient de recevoir son insigne de scout (sur son bras gauche).

Joan s'est mariée à Robert Bonsall Pike, en 1937 ou 1938. A ce moment, Guy, le père, s'est enregistré comme soldat dans l'armée anglaise, tandis que Donald était probablement à Sandhurst, à s'entrainer comme pilote. Malheureusement, il nous manque tous ses certificats de ce temps-là. Guy meurt le 6 juin 1944, à 55 ans, d'un problème cardiaque. Il était réserviste à soutenir l'effort de guerre en Angleterre, au grade de "private" dans Royal Army Service Corps. Il fut inhumé au Ipswich Cemetery, en Angleterre. Donald avait obtenu une permission pour assister aux funérailles de son père. C'est au retour de celle-ci qu'il fut envoyé pour son dernier vol, à un moment où il était très fatigué, probablement bouleversé par la mort de son père.



Deux beaux clichés de Donald devant et dans son Spitfire Mark IX.
Notez l'emblème, Pégase ; s'agit il d'un dessin personnel de Donald ?

Patrick, le second fils, lui aussi Pilot Officer, se tue lors d'un exercice en Angleterre le 3 décembre 1944, soit six mois après son frère, il avait 28 ans. Il repose au Wolverhampton Borough Cemetery.


Patrick Moffat-Wilson

En 1946 Edith, la mère, reviens vivre en Irlande avec ses jumelles, Margaret et Elizabeth. Margaret était la dernière de la famille Moffat-Wilson encore en vie en 2008, où elle vivait avec son mari George, dans une maison de retraite à Dublin. Cette biographie nous la devons aux neveux et nièces de Donald, après presque deux années de recherche pour retrouver la famille Moffat-Wilson en Irlande. Plusieurs enfants et petits-enfants sont nés des trois filles Moffat-Wilson, certains vivent en Irlande ou en Angleterre, d'autres en Nouvelle-Zélande et au Canada. Je tiens à les remercier pour nous avoir ouvert leur fonds d'archives familiales, ce qui nous permet de rendre un dernier hommage à notre aviateur Donald mort à Maroué, sans oublier le frère et leur père, famille durement touchée par la guerre.

Jean-Michel Martin


Lisez (en anglais) la biographie de Donald MOFFAT-WILSON par Richard Nairn (lien ci-dessous)
Like a breath of wind 11 10 09

IN MEMORIAM


Tombe de Donald MOFFAT-WILSON
Grave XVIII.F.4. BAYEUX WAR CEMETERY

COMMÉMORATIONS

♦ Samedi 13 juin 2009 - Lamballe - Maroué (22)

Intense moment d'émotion pour les membres de l'Association Bretonne du Souvenir Aérien 39-45 en ce samedi 13 juin 2009 à Maroué, arrondissement de Lamballe (22), lors de la Commémoration de la mort de ce jeune Pilot Officer de la Royal Air Force, Donald MOFFAT WILSON ; il avait 21 ans. Après presque deux années de recherches et de contacts nous nous réunissions pour nous souvenir. Monsieur le Maire de LAMBALLE, Madame la Maire adjointe de Maroué, ont organisé cette cérémonie où nous nous retrouvions proche de la population, des témoins et des différentes organisations d'anciens combattants de l'arrondissement, sans oublier bien sûr les membres de la famille venus d'Irlande, d'Angleterre et de Nouvelle-Zélande. 
Nous n'oublierons pas ce moment, où nous avons rencontré des femmes et des hommes empreints de Cordialité.
Merci à tous .

Pour que perdure la PAIX et la démocratie.

Jean Michel MARTIN



Discours d'inauguration par l'interprète
Photo © Jean-Michel Martin


Discours de Madame le Maire de Maroué

Photo © Jean-Michel Martin


Dépôts des gerbes aux monument aux morts par M. le maire de Lamballe,
Mme le maire de Maroué et Jean Noël Rincel, de l'ABSA 39-45

Photo © Jean-Michel Martin


Les neveux et nièces reçoivent de M. Besrechel, témoin de l'époque,
un morceau du parachute de Donald Moffat-Wilson

Photo © Jean-Michel Martin


La cérémonie

Photo © Jean-Michel Martin


La plaque commémorative
Photo © Jean-Michel Martin


La famille de Donald Moffat-Wilson

Photo © Jean-Michel Martin


Le mot du Maire au vin d'honneur

Photo © Jean-Michel Martin


Remise de la médaille de la ville à la nièce du pilote

Photo © Jean-Michel Martin


Le discours de Mme le Maire de Maroué


Le discours de M. le Maire de Lamballe


Le récit d'un témoin

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