TEMOIGNAGES
Rapport d'évasion du Flying Officer James Alexander
(source Daniel Carville, France Crashes 39-45)
1941 :
Atterrissage forcé LOUDEAC, 29 avril.
Dans la soirée du 28 avril 1941, je suis parti, avec mon équipage, les sergents MARTIN, ROSS et O’HARE, de LINDHOLME en direction de la région de LA ROCHELLE. À 00 h 30, nous avons eu une panne moteur et nous nous sommes écrasés peu après près de LOUDEAC. L'appareil a brûlé et tout le contenu, y compris les papiers, a été détruit.
À l’atterrissage avec un parachute, j’ai fait route vers REDON, en passant par JOSSELIN et le chemin de halage du canal. Je suis ensuite passé par BLAIN et ANCENIS, où j’ai obtenu des vêtements civils d’un fermier. On m’y a dit que deux membres de mon équipage (ROSS et O’HARE) avaient été tués et que le troisième (MARTIN) avait les jambes blessées et avait été fait prisonnier. Il y avait une récompense de 3 500 francs pour ma capture.
5 mai, ligne de démarcation : MONTEMBOEUF / LA ROCHEFOUCAULD
Mon itinéraire m’a ensuite mené à travers DOUÉ, LOUDUN, RICHELIEU, POITIERS et RUFFEC jusqu’à LA CHIGNOLLE (4 mai). J’ai franchi la ligne de démarcation le 5 mai entre MONTEMBOEUF et LA ROCHEFOUCAULD, en traversant un grand bois en compagnie de quinze réfugiés français venus de PARIS. Je dois ajouter que j’avais perdu de vue le Sgt. MARTIN, qui avait été conduit dans un hôpital français après avoir sauté en parachute.
L’argent hollandais et belge que l’on m’avait remis à ma base, j’ai pu le changer en francs français. On ne m’avait pas donné de boussole, bien que je connaisse cet accessoire d’évasion et que j’aie assisté à une conférence sur l’évasion en mars 1941 à Lindholme.
ST. HIPPOLYTE DU FORT :
Peu après avoir franchi la frontière de la France non occupée, j’ai été arrêté à un premier poste de gendarmerie où l’on a demandé des papiers. Comme je n’ai pas pu en fournir, j’ai été envoyé sous escorte à ST. HIPPOLYTE DU FORT.
Le 17 mai, je me suis échappé de ce camp de détention, j’ai pris le train pour NÎMES puis pour PERPIGNAN, où, dans un hôtel, j’ai rencontré deux capitaines du R.A.M.C. (PLANT et McPARTLAND, S/P.G. 377 et 378).
25 mai : ESPAGNE
Le 25 mai, nous avons franchi les Pyrénées et, sans être remarqués, nous sommes arrivés à BARCELONE par train. Là, nous avons été arrêtés et avons passé trois semaines en prison avant d’être libérés par l’ambassade.
Monsieur Jan Lucien de Loudéac
Ce matin-là, je me rendais à l'école à pied et je fus surpris de rencontrer autant d'allemands sur ma route. J'ignorais ce qu'il venait de se passer. Certains étaient à pied. D'autres passaient à cheval. Puis j'ai rencontré un camarade qui m'accompagna en direction de notre école. Il m'informa qu'un avion était tombé à Quilliampe dans la nuit. Mon père était parti de bonne heure ce matin-là avec son attelage de chevaux et sa charrue accompagné d'un ouvrier agricole. En entrant dans son champ il fût surpris de voir des traces de pas récentes sur de la terre humide et qui ne correspondaient pas aux sabots que beaucoup de gens portaient à cette époque. Ayant par la suite appris par un voisin la chute de l'avion, il pensa tout de suite à un aviateur qui cherchait à fuir. Les traces conduisaient à une mare. Sans doute cet homme pensait échapper au flair des chiens Allemands en traversant cette pièce d'eau peu profonde. L'ouvrier apprenant par ce même voisin que l'occupant allait fouiller toutes les maisons du coin s'en alla rapidement à sa chambre pour y retirer un fusil de chasse qu'il avait conservé et fit en sorte de le dissimuler à l'extérieur de la maison. Il revint au travail par la suite. Un des aviateurs se cassa une jambe en sautant en parachute et demanda l'aide de Monsieur et Madame Fraboulet habitant le village proche du lieu où son avion était tombé. Cet homme souhaitait être arrêté car son état nécessitait des soins. Les Allemands le firent prisonnier en début de matinée. Avant la chute de l'avion une des hélices se détacha avec tout son arbre et vint se planter dans un labour, très loin entre le village de "Tierné" et "Quilliampe". Le champ appartenait à Monsieur Coroler. Seul la moitié d'une pale dépassait au-dessus du sol. A Saint Barnabé, il y avait un poste d'observation Allemand dans une tour en bois, poste occupé par une dizaine de soldats. Aucun incident ne fût signalé cette nuit-là. C'est le poste de Guingamp qui donna l'alerte. Les soldats en poste à Saint Barnabé furent sanctionnés et furent envoyés en juin vers le front Russe (Opération Barbarossa).
Monsieur Carrée Francis de Loudéac
Cette nuit-là il y eut un grand bruit qui réveilla pas mal de monde dans la région. Un employé de la ferme de mes parents leur signala qu'il y avait un incendie au loin. On pensa au dépôt d'essence allemand installé au camp de la "Secouette". L'employé pensait que c'était celui-ci qui flambait ou peut être un autre dépôt de munitions dans les parages. Je me rappelle aussi, le lendemain matin, apercevoir des dizaines d'allemands avançant de front à travers les champs à la recherche des aviateurs. Ils trouvèrent des marques de pas dans un champ. Ils vinrent contrôler les chaussures et sabots de notre ouvrier ainsi qu'à plusieurs personnes autour de chez nous, pour voir si cela correspondait. Une hélice de l'avion fut découverte dans un champ. Les allemands ordonnèrent à un agriculteur voisin de venir la retirer du sol car elle y était bien enfoncée. Il lui fallut un attelage de trois chevaux pour y arriver. Le matin de la chute de l'avion, un des aviateurs arriva vers 6 heures du matin au village du "Tanouer". Il se présenta à un couple d'agriculteurs qui commençait sa journée de travail. Ces derniers mirent de côté leur ouvrage pour venir préparer un petit déjeuner à cet homme. Il les remercia puis disparu à travers la campagne.
Monsieur Armand Gicquel de Loudéac.
Au lieu-dit ''La Barricade'', Madame Nouet et Louis Legal son ouvrier étaient dans un champ en train d'étendre du fumier. Soudain, ils aperçurent un homme qui venait dans leur direction. Arrivé face à eux il ouvrit sa veste et leur fit voir sa chemise ou ils purent lire ''Canada'', la conversation ne fut pas possible mais il expliqua qu'il voulait aller à Rennes. Ils lui désignèrent la direction où il pouvait rejoindre la route nationale. Il fit un geste de remerciement. Notre institutrice décida le matin même que nous irions voir l'avion. En arrivant sur les lieux, un gendarme qui gardait, nous fit mettre en file indienne et tranquillement nous sommes passés sur la route apercevant la carcasse et les corps des deux malheureux aviateurs. Soudain on nous fit arrêter car arrivaient deux cavaliers par le bas de la route. C'était deux allemands, un officier et son ordonnance. L'officier descendit de sa monture, confiant son cheval au soldat, il fit le tour de la carcasse encore fumante puis remonta en selle et disparu. On apprit que c'était un général qui logeait au château du "Le Louarn". Le lendemain eut lieu l'enterrement des deux victimes. Notre institutrice avait demandé à sa fille de s'y rendre. Arrivée à la porte du cimetière elle fut refoulée par les gardes allemands. Personne ne put y assister. Les tombes furent fleuries les jours suivants.
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