De Havilland Mosquito FB VI (HP866 - code DM-D)
Pordic (22)
(contributeurs : Jean-Michel Martin, Jean-Michel Gravaud)
Equipage : 248 Squadron RAF
- Flying Officer (pilote) Harold CORBIN (à gauche)
- Flying Officer (navigateur) Maurice WEBB (à droite)
L'HISTOIRE
14 août 1944. De Havilland Mosquito FBVI - HP866, tombé au lieu dit "Quévran" en Pordic 22.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, un Mosquito de la Royal Air Force revenait d’une mission antinavires dans l’estuaire de la Gironde. Il était piloté par le Flying Officer Harold Corbin, secondé par le Flying Officer Maurice Webb, navigateur. L’avion au cours de l’attaque fût touché par les tirs de la Flak allemande, ce qui entraîna des impacts importants dans trois des quatre réservoirs du ‘’Mossie’’ surnom donné à cet avion par les aviateurs Anglais. Le pilote mis le cap tout d’abord sur Vannes, mais redirigea son avion vers la côte Nord, pensant pouvoir regagner un aérodrome Anglais. Très vite la situation s’aggrava, et il fût décidé d’abandonner et de sauter avant que l’avion n’atteigne la Manche. Voici les faits racontés par Messieurs Robert Orhan et Jean Simon, témoins de l'époque.
Lieu du crash du Mosquito au lieu dit "Quévran" en Pordic
Photo Jean-Michel Martin (ABSA 39-45)
Le 14 août 1944, vers 22h30, un avion passe au dessus de Trévenais en Lantic en faisant un bruit très anormal. Presque aussitôt, c’est l’explosion. On a pu situer le point de chute en raison de la hauteur des flammes. Aussitôt, je suis parti avec Alexandre Farin et mon frère André et nous sommes arrivés au lieu de l’explosion, à "Quévran", à quelques mètres de la ferme de Monsieur Eouzan. L’avion était totalement déchiqueté et les débris occupaient une grande surface. Il y avait des gens sur place, dont le curé de Pordic qui bénissait les restes de l’avion. Et s’ils n’étaient pas morts ? Ils s’étaient jetés en parachute, avec tous les dangers qu’un saut de nuit présente tels que fils électriques et pièces d’eau, d’autant qu’ils n’avaient pas eut d’entraînement parachutiste. Tous les trois nous avons cherché dans la vallée du Rodo (Malassis), jusqu’au niveau de Quimperé.
Le pilote, Harold CORBIN, est tombé dans ce chemin prés du moulin de "CULERETTE" en LANTIC
Photo Jean-Michel Martin (ABSA 39-45)
En vain ! On s’est couché vers 3 heures du matin. Ce jour là, 15 août, ma mère partit pour la messe du matin, au bourg. Au Carpont, elle a vu un attroupement et on lui a signalé la présence d’un aviateur Anglais. Elle est revenue me réveiller et c’est ainsi que je l’ai ramené a la maison. C’était Louis Hery qui l’avait ramené chez Marianne Burlot, sur le cadre de son vélo. Vers 11heures, Armand Guyez, limonadier à Binic, est venu avec deux résistants le chercher mais il n’a consenti à partir que si j’allais avec lui. A notre Dame de la Cour, il a retrouvé son navigateur, Maurice Webb, qui était tombé au lieu dit "Le Guern" et avait donné son parachute à Germaine Helary qui, à Tréguidel, est devenue Madame Macé, dans une robe de mariée taillée dans le parachute. Nous avons eu l’honneur et aussi le plaisir de les recevoir et de parler avec eux. Ils ont vu tous les deux, en l’air, l’explosion de leur avion. Celui qui est tombé à Tréguidel a pensé au pilote et le pilote a pensé à nous "pourvu que notre avion ne tue aucun Français ". Le parachute de Harold Corbin a été retrouvé 2 ou 3 mois après par Almyre Thomas, au dessus du vieux moulin de "Cullerette". Ces deux aviateurs étaient engagés volontaires et ont failli perdre la vie plusieurs fois (le pilote s’était vieilli de deux ans pour pouvoir s’engager, en réalité il avait dix neuf ans quand il est parti pour l’entraînement). Quelques jours après, leurs familles avaient reçu l’avis officiel de leur disparition et elles n’ont été prévenues qu’ils n’étaient pas morts que la veille de leur retour. La mère de l’un d’eux a eut une syncope quand elle l’a revu. Ils ont repris le combat en Norvège. Ils étaient spécialisés dans l’attaque de la Flotte Allemande et dans la défense côtière. Leur avion était un Mosquito, chasseur bombardier très rapide, très bien armé, et en bois (donc fragile), pour éviter les détections radar. Les allemands en avaient peur. Maurice Webb et Harold Corbin ont été très heureux de revoir les endroits ou ils sont tombés. L’un a bien reconnu le clocher de Notre Dame de la Cour, et l’autre la façade du café de Chez Marianne. Ils ont été très touchés par l’accueil qu’ils ont reçu, par les municipalités de Tréguidel et de Lantic. Pour conclure, je citerai la célèbre phrase de Churchill en parlant des aviateurs Anglais lors de la Bataille d'Angleterre : " Jamais tant de gens n'ont dû autant à si peu ". Que serait-il advenu de nous si Hitler avait conquis l’Angleterre ? On préfère ne pas y penser.
Merci a Monsieur Jean Simon pour l’aimable autorisation à publier cet article paru dans le journal municipal de Lantic du mois de janvier 1996.
Jean Michel Martin, Association Bretonne du Souvenir Aérien 39-45. 21 décembre 2009.
Note supplémentaire : les deux aviateurs avaient été récupérés par les Américains le 16 août 1944 avant d’être renvoyés vers leur terre natale.
Crash identifié et documents transmis par Jean-Michel Gravaud, membre de l'ABSA 39-45
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