Vickers WELLINGTON Mk IC
R1408 (code OJ-J)
Plouzané - "Kerborhel" (29)
(contributeurs : Daniel Dahiot, Jonathan Ives, Philippe Dufrasne, Frédéric Hénoff)
Vickers Wellington Mk IC du no 149 Squadron de la RAF en août 1940. Les avions codés "OJ-N" et "OJ-W" participèrent à la mission du 1er juillet 1941.
© IWM (HU 107812) - domaine public
Equipage (149 Squadron RAF 'East India')
tous les membres d'équipage inhumés au cimetière de Plouzané
Pilot Officer (pilote) John Ellis HORSFIELD, (matricule 88864, RAFVR) 20 ans, tué.
Fils de Herbert Ellis et Freda Adelaide HORSFIELD, Beckenham, Kent (Angleterre).
Pilot Officer John Ellis HORSFIELD
photo with courtesy of WW2 People's War archive - BBC website
Sergeant (pilote) Bryan Daniel James KENNEDY(matricule 401768, RNZAF), 25 ans, tué.
Fils de Michael Aloysius et Kathleen Amelia KENNEDY.
Frère d'Alice, Naughton, Terrence, Claire, Barbara, Barry et Christopher KENNEDY.
Sergeant Bryan Daniel James KENNEDY
photo © International Bomber Command Centre
Sergeant Bryan Daniel James KENNEDY (flèche)
photo © International Bomber Command Centre
Pilot Officer (observateur) George Frederick BURBIDGE, (matricule 60078 RAFVR), tué.
Fils de George Frederick et Victoria Maud BURBIDGE.
Pilot Officer George Frederick BURBIDGE
Photo : Valerie Lissette - Famille Burbidge
Pilot Officer George Frederick BURBIDGE (premier à gauche)
Photo : Valerie Lissette - Famille Burbidge
Pilot Officer George Frederick BURBIDGE (second à partir de la droite)
Photo : Valerie Lissette - Famille Burbidge
Sergeant (opérateur radio, mitrailleur) Francis Theodore KEARNEY, (matricule 650014, RAF), 22 ans, tué.
Francis T. Kearney était né le 10 janvier 1919, à Oldham, dans le Lancashire.
Neveu de Mrs Austral R. MADELEY, Chadderton, Lancashire (Angleterre).
Sergeant Francis Theodore KEARNEY
Photo : Becca Jessup - Famille Kearney
Sergeant (opérateur radio, mitrailleur) James Copeland ROBERTSON, (matricule 997198, RAFVR), tué.
Né en Inde le 13 septembre 1914
.
Sergeant James Copeland ROBERTSON
Photos : Karen Yeoman - Famille Robertson
Pilot Officer (mitrailleur) John Farmer PHILPOTT, (matricule 85709, RAFVR), tué.
Fils du révérend Robert George Kenrick Farmer et de Fanny Philpott, Worcester, Worcestershire (Angleterre)
.
La famille Philpott. John Farmer PHILPOTT est le jeune homme à droite au dernier rang.
Le jeune garçonau premier rang est son jeune frère, Peter Philpott, qui a fait une
très longue et distinguée carrière dans la RAF, atteignant le rang élevé de Air Vice Marshall.
Photos with courtesy of Mark Singleton - Philpott family
L'HISTOIRE
• L'attaque
Ce mardi 1er juillet 1941, 63 bombardiers de type Wellington décollent d'Angleterre pour une mission de bombardement des croiseurs allemands Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen ancrés dans la rade de Brest. Ce groupe de Wellington de la Royal Air Force était divisé en deux sous-groupes, les groupes II et III, un 1er groupe de 5 avions ayant été envoyé sur Cherbourg.
Une source indique que la composition de ces avions était la suivante :
Groupe II :
- 11 avions du No 9 Squadron (plus un Wellington envoyé sur les docks et bateaux dans le port de Cherbourg)
- 10 avions du No 99 Squadron
- 9 avions du No 101 Squadron
- 15 avions du No 149 Squadron.
Groupe III :
- 8 avions du No 311 Squadron (plus 4 Wellington envoyés sur Cherbourg)
- 10 avions du No 99 Squadron.
Toutefois, cette composition reste à confirmer puisque l'ORB ("Operational Record Book", le carnet dans lequel était consignées les missions avec heures de décollage, de retour, composition des équipages etc...) du no 149 Squadron indique que 15 avions ont décollé ce soir là.
Le raid fut effectué entre 23h11 (le 1er juillet) et 5h05 (le 2 juillet). Les résultats furent difficiles à constater en raison du brouillard et de la fumée sur le port.
Le tonnage de bombes largué cette nuit là fut de :
Sur les installations portiaires et le Scharnhorst (avions du Groupe II) :
- 31,9 tonnes de bombes de 2 000 lb dont 3 bombes de 2 000 lb A.P. ("Armour Piercing" soit des bombes pénétrantes)
- 31,9 tonnes de bombes de 1 000 lb
Sur le Prinz Eugen (avions du Groupe III) :
- 30,2 tonnes réparties en 7 bombes de 1 000 lb, 1 156 bombes de 500 lb SAP et 11 bombes de 250 lb SAP (SAP : "Semi Armour Piercing")
Deux Wellington ont été perdus pendant ce raid : le Wellington Mk IC R1408 était un de ces deux avions, l'autre étant le Wellington Mk IC R1343.
Les Wellingtons du no 149 Squadron étaient partis de la base RAF Mildenhall, dans le Suffolk, où ils étaient installés depuis avril 1937. Depuis janvier 1939, ce Squadron était équipé de Wellington Mk I, IA et IC, qui avaient remplacé les vieux Handley Page Heyford. Ces Wellington furent utilisés jusqu'en décembre 1941, puis furent remplacés par des Short Stirling. Le premier Wellington décolla du terrain à 22h38, au soir du 1er juillet : il s'agissait du Wellington Mk. IC R1343, qui malheureusement fut abattu cette nuit là. Désemparé, l'avion vint s'écraser à proximité du Prinz Eugen, sur les enrochements du port de commerce où il resta longtemps exposé. L'équipage fut inhumé le 7 juillet 1941 au cimetière de Kerfautras à Brest, "venant de l'hopital maritime" selon le registre des convois du cimetière.
Quant au Wellington Mk. IC R1408, il décolla à 22h41. Selon l'ORB du 149 Squadron, deux couches de brume au sol et à environ 5 000 pieds (1520 mètres), au-dessus de Brest, rendirent l'identification de toute cible impossible. De ce fait, certains avions rentrèrent à la base avec leur cargaison de bombes, d'autres les larguèrent. C'est ainsi que la Wellington T2737 (code OJ-A), resta près de 45 minutes au dessus de Brest sans lâcher ses bombes. Le Wellington W5718 (code OJ-O) ramena également ses bombes ; il resta 25 minutes (de 1h20 à 1h45) à 9 500 pieds au-dessus de Brest mais ne largua pas sa charge en raison du rideau de fumée. Il se dirigea alors vers Cherbourg, la seconde cible, mais ne largua pas de bombes non plus à cause de conditions similaires. L'ORB nous révèle que les autres avions larguèrent leurs bombes en un lâcher (un 'stick').
Le Wellington Mk. IC R1408, vint s'écraser à Plouzané, au sud-est de Kerborhel en Plouzané. Une source indique que l'avion aurait heurté des ballons captifs aud-dessus des navires (site France-Crashes 39-45). Un témoin raconte : " une nuit nous avons été réveillés par un énorme bruit pendant un bombardement ; il s'agissait d'un bombardier anglais venant de bombarder Brest qui venait d'être touché ; il s'est écrasé vers Kerborhel. Les bombes ont explosé quand il a touché terre et l'équipage, composé de six personnes dont une femme (sic), a été tué. Les aviateurs furent enterrés sur place ; malgré l'interdiction, les gens venaient en fouIe et déposaient des fleurs sur leurs tombes. Finalement les Allemands les firent enterrer à Plouzané, dans le cimetière où leurs tombes continuent à être fleuries. Monsieur Joz Gentil, menuisier, fut désigné pour la mise en bierre. Les cercueils furent transportés par deux ou trois charettes, et suivi du convoi. Les Allemands étaient au bourg ; il y avait une sentinelle à chaque rue. Il y eu trois salves d'honneur de tirées ".
• Côté allemand
Le Prinz Eugen est touché par une bombe qui pénètre à bâbord avant, explose dans les fonds et ravage les postes centraux de tir et de navigation. On dénombre 50 (ou 51) morts à bord dont le commandant en second, le 1.Offizier. Otto Stoss.
- Extrait de "Kreuzer Prinz Eugen...unter 3 Flaggen" (Paul Schmalenbach, 1978)
2 juillet 1941
00h40 : alerte aérienne.
01h44 : touché par une bombe d'un chapelet de six. La bombe perfore le plat-bord (la fourrure de gouttière) à bâbord, le pont batterie, le pont intermédiaire ainsi que le pont blindé et l'entrepont supérieur, en section X. Le poste de commande de tir avant, la centrale de commandement, le poste de commutation d'artillerie et la salle des compas gyroscopiques sont gravement endommagés, la centrale électrique 3 l'est moins, des éclats traversent la double paroi à l'intérieur et à l'extérieur, de sorte que l'eau du dock - pré-inondé (de l'eau destinée au refroidissement et à la lutte contre l'incendie !) - pénètre dans le navire sur une hauteur d'environ 1 mètre.
42 morts sont retrouvés dans les trois jours qui suivent. 31 blessés graves sont envoyés vers des hôpitaux à Brest et près de Paris, dont beaucoup succombent encore, parfois après plusieurs semaines. Au total, 60 camarades sont victimes de l'attaque, dont l'officier en second présent dans la centrale de commandement, le Fregattenkapitän Otto Stoß. La majeure partie des morts est inhumée le 6 juillet dans le cimetière de Brest-Kerfautras*.
Obsèques des 50 victimes allemandes à Brest-Kerfautras après le bombardement du "Prinz Eugen"
Photo © collection Y.Caroff via Archives de Brest (référence 12Fi2365)
Les conséquences matérielles du coup au but sont également désastreuses. Comme le poste de commande de tir arrière et le poste de commutation correspondant ne sont pas équipés, le navire est pratiquement privé de toute possibilité de guidage d'artillerie de cible navale et n'est donc pas opérationnel. Les discussions avec l'arsenal de Brest établissent que les travaux de réparation du navire ne pourront être achevés avant le 10 novembre. La remise en état du câblage demandera encore plus de temps.
C'est pourquoi le 7 juillet, un télex est envoyé à l'Oberkommando der Kriegsmarine en demandant que les pièces de système de guidage de tir (prévues pour d'autres navires en chantier) soient débloquées pour être montées à Brest. Il ne s'agit pas seulement des pièces de l'installation du guidage d'artillerie déjà mentionnées, mais aussi des deux postes de direction de tir de Flak avant avec les calculateurs, les armoires électriques et les accessoires correspondants. Le 10 juillet l'Oberkommando der Kriegsmarine autorise le montage des appareils manquants - Un automoteur diesel-électrique des chemins de fer français est installé en face du navire comme centrale électrique. Au cours de l'automne, une locomotive à vapeur sera ajoutée en tant que chaudière auxiliaire pour le chauffage.
Le 24 juillet, 21 permissionnaires sont blessés lors du sauvetage de Français ensevelis lors d'une attaque aérienne.
Compte tenu du temps d'immobilisation qui va durer certainement jusqu'en décembre, une partie de l'équipage est temporairement débarquée : Le I. AO (Premier Officier d'Artillerie), et une partie de l'équipage du service d'artillerie de cible navale retournent en Allemagne pour s'entraîner au tir sur le navire jumeau ADMIRAL HIPPER. Une partie de l'équipage quitte le navire pour suivre une formation de sous-officier, de nombreux sous-officiers subalternes vont suivre des stages de formation de sous-officier supérieurs. Certains retournent à bord en ayant réussi l'examen.
* Transférés à partir de 1966 dans le cimetière militaire de Ploudaniel-Lesneven, au nord de Brest, ce dernier inauguré le 7 septembre 1968.
- Extrait du rapport sur le bombardement du "Prinz Eugen" dans la nuit du 1 au 2.7.1941 – Journal de bord (Kriegstagebuch).
Rapport médical de combat du croiseur Prinz Eugen concernant l'attaque aérienne anglaise du 2 juillet 1941.
Le 2.7.1941, l'alerte aérienne a été donnée à bord à 00h45, car des aviateurs anglais tentaient d'attaquer Brest. A 01h45, un chapelet de bombe est tombé à proximité immédiate du navire en cale sèche, masqué par des filets de camouflage et de la fumée. L'une de ces bombes (probablement une bombe perforante de 500 kg) a frappé le pont supérieur à bâbord, à la hauteur des sections IX et X, a traversé le pont supérieur, le pont batterie, le pont intermédiaire, le pont blindé et a explosé entre l'entrepont inférieur et l'entrepont supérieur. Le poste de commande de tir avant, le poste de commutation de tir avant, le poste de direction de tir avant et la centrale de commandement ont été en partie complètement détruits et les soldats qui s'y trouvaient ont été soit tués, soit intoxiqués par les fumées, soit brûlés.
Schéma de l'attaque - Rapport du croiseur Prinz Eugen
Sources :
• Roland Bohn - "Raids aériens sur la Bretagne durant la seconde guerre mondiale".
• Brest 39/45 - Chronologie d'une guerre
• "The Bomber Command War Diaries : An Operational Reference Book 1939-1945" - Authors, Martin Middlebrook, Chris Everitt
• "A l'ombre de deux clochers: la vie de tous les jours à Plouzané de 1920 à 1951", Yvonne Briant-Cadiou (Pages. 191-192).- Editions nouvelles du Finistère, 1994
• Archives Municipales de Brest (Finistère)
• Kreuzer Prinz Eugen...unter 3 Flaggen / Paul Schmalenbach, 1978
• Prinz Eugen - Kriegstagebuch
ANECDOTE
Par un curieux fait du hasard, David KENNEDY, le neveu du pilote Bryan KENNEDY, qui travaille en Nouvelle-Zélande dans le secteur de l'Antartique, est en relation avec l'Institut Polaire Français qui est basé à ... Plouzané ! C'est pourquoi il a demandé à cet Institut il y a quelques années de bien vouloir fleurir la tombe de Bryan KENNEDY et d'y ajouter le document ci-dessous. Le monde est vraiment petit !
Document envoyé par la famille KENNEDY à l'Institut Polaire Français basé à Plouzané pour être déposé au cimetière sur la tombe du pilote
Néo-zélandais Bryan KENNEDY. La famille KENNEDY y remercie l'Institut et les citoyens de Plouzané.
Collection famille Kennedy
ANNEXES
Extrait du document AIR-27-1001-14 (Operational Record Book no 149 Squadron RAF) pour la date du 1er juillet 1941
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