Armstrong Whitworth Whitley Mk VII (P5050 - code YG-M)
En mer, au large du nord de l'île d'Ouessant
(contributeurs : Daniel Dahiot, Frédéric Hénoff)
Armstrong Whitworth Whitley Mk VII - Squadron 502
Photo source inconnue
Equipage (502 Squadron RAF)
tout l'équipage fut capturé
- Squadron Leader N.S.F. DAVIE, R.A.F. (matricule 90373)
(Stalag Luft 3 Sagan & Belaria, prisonnier n°1416)
- Sergeant BERT CLARK GILLESPIE, R.A.A.F. (matricule 402117)
(Stalag Luft 6 Heydekrug, prisonnier n°24766)
- Sergeant M.F. SIKAL, R.C.A.F. (matricule R61024)
(Stalag Luft 6 Heydekrug, prisonnier n°24747)
- Sergeant T.R CALDER, R.A.F. (matricule 627441)
(Stalag Luft 3 Sagan & Belaria, prisonnier n°24751)
- Sergeant G.S. HARRIS, R.A.F. (matricule 1166732)
(Stalag Luft 6 Heydekrug, prisonnier n°240)
- Sergeant J.F. BARNES, R.A.F. (matricule 923213)
(Stalag Luft 3K, prisonnier n°24749)
L'HISTOIRE
La possibilité que le Scharnhorst, le Gneisenau et le Prinz Eugen naviguent de nuit pour un passage de jour dans le détroit du Pas-de-Calais avait été envisagée et, pour apporter une réponse adéquate si cela arrivait, le Coastal Command avait mis en place trois patrouilles de reconnaissance qui étaient effectuées durant les heures d'obscurité dans les zones occidentales et centrales de la Manche. La première était appelée "Stopper" et se situait au large de l'entrée du goulet de Brest ; une autre au centre portait le nom de "Line SE" et était située entre Ouessant et l'Ile-de-Bréhat, et une autre à l'est, portant le nom de "Habo", était située entre Le Havre et Boulogne. Tous ces vols étaient effectués par des Lockheed Hudson ou des Armstrong Whitworth Whitley équipés d'un radar ASV (pour Air-to-Surface Vessel).
Les premiers Squadrons du Coastal command a utiliser des Armstrong Whitworth Whitley V ont été les No.502 (GR) et No.612 (GR), de 1940 et 1941 jusqu'à l'arrivée d'Armstrong Whitworth Whitley VII en 1942. Le Armstrong Whitworth Whitley GR Mark VII, GR pour General Reconnaissance, disposait de réservoirs de carburant supplémentaires dans la soute à bombes et le fuselage, ce qui portait son rayon d'action à 2 300 miles, une autonomie idéale pour son utilisation au sein du Coastal Command. L'appareil était également équipé d'un radar air-surface (ASV), ce qui impliquait un rang de quatre mâts radar dorsaux et l'ajout d'un sixième membre d'équipage.
Aux premières heures de la matinée de ce 4 février 1942 le Coastal Command dépêche une patrouille de deux Whitley du No.502 Squadron. L'un d'eux, piloté par le Flight Sergeant POPE (le Whitley YG-G), entre en contact avec un convoi allemand composé de quatre bâtiments au nord de l'Ile-de-Batz et est accueilli par un feu nourri de Flak dont plusieurs coups atteignent l'appareil mais sans blesser aucun des membres d'équipage. L'avion va rentrer à sa base et se poser à St. Eval à 9h50. Le second Whitley (le P5050, YG-M), envoyé dans le secteur de Brest, est piloté par le Squadron Leader DAVIE. L'avion est intercepté par deux Messerschmitt Bf 109 du I./JG 2. Le Feldwebel Heinz-Helmut BAUDACH passe à l'attaque à 9h55 et le mitrailleur de queue du Whitley riposte par des tirs précis qui endommagent le Messerschmitt (BAUDACH se posa sur le ventre de retour à Brest Guipavas - voir lien vers Me Bf 109 E-7 WNr 6496). DAVIE, dont l'appareil a été endommagé durant le combat, et avec le Sgt HARRIS gravement blessé, tente un atterrissage forcé sur l'île d'Ouessant, mais le train d'atterrissage de son appareil s'affaisse et il doit se poser sur le ventre (au lieu-dit Keranchas). L'équipage évacue l'appareil et tente de rejoindre la côte nord de l'île, où il est rapidement capturé.
Ci-après 8 photos vraisemblablement prises par un soldat Allemand juste après le crash du Whitley YG-M. Ces photos, propriété de l'ECPAD, sont fortes en émotion ; on devine en effet le niveau de stress que devait éprouver l'équipage qui, après avoir géré un crash très tôt le matin au milieu de nulle part, certainement encore sous le choc, devait se rendre à l'ennemi. D'autant plus qu'au moins un membre d'équipage (probablement le Sergeant HARRIS) le était blessé comme on le voit sur l'une des photos.
Un des membres de l'équipage se rend aux allemands peu de temps après le crash. On aperçoit très nettement, sur le fuselage de l'avioncodé YG-M,
les antennes du système radar ASV ("Air to Surface Vessel" radar, un système de détection radar de type air surface).
Photo © Photographe inconnu/ECPAD/Défense - référence DAM 831 L01
Peut-être ce même membre d'équipage, à peine capturé, fouillé par un soldat Allemand.
Photo © Photographe inconnu/ECPAD/Défense - référence DAM 831 L02
Premiers échanges entre plusieurs membres d'équipage et les soldats Allemands.
Photo © Photographe inconnu/ECPAD/Défense - référence DAM 831 L03
Difficile photo montrant un membre de l'équipage du Whitley, visiblement blessé à l'abdomen, la tête soutenue par un camarade qui
probablement demande assistance aux Allemands. A noter la botte de vol fourrée, typique des équipages de bombardiers de la RAF.
Photo © Photographe inconnu/ECPAD/Défense - référence DAM 831 L04
4 vues du Whitley YG-M après le crash. On note le bon état des hélices qui visiblement n'ont pas souffert lors du contact avec le sol.
Photo © Photographe inconnu/ECPAD/Défense - référence DAM 831 L05/L06/L07/L08
ANNEXES
Extrait du document AIR-27-1959-3 et AIR-27-1959-4 (Operational Record Book no 502 Squadron RAF) pour la date du 4 février 1942.
Ce document précise que le Whitley a décollé à 00h38 pour une patrouille "Stopper" modifiée. Il fut envoyé pour une patrouille au large de la côte
française au niveau d'Ouessant. L'avion n'est pas rentré à la base. Un relevement a été fait à 8h15. A 8h38, une demande par l'avion de Davie
("M", c'est à dire la 3e lettre du code de l'avion) fut reçue concernant les conditions météorologiques à la base. La réponse fut envoyée à 8h43.
L'avion de Pope ("G") accusa réception mais pas celui de Davie ("M").
Ce document précise que l'avion de Davie est parti de la base RAF de St-Eval et qu'il n'est pas rentré. Une information fut reçue
le 26 février 1942 en provenance du Comité de la Croix Rouge Internationale qui précisait que tous les membres d'équipage étaient
prisonniers de guerre. Le sergent Harris était blessé mais pas les autres membres d'équipage.
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