L'HISTOIRE
La découverte et la traduction de documents allemands par Frédéric Hénoff nous informe des circonstances de la disparition de ce B-17 F "Shack Rabbit II" envoyé ce 23 septembre 1943 pour une mission de bombardement de l'aérodrome de Vannes.
♦ Document T321-0061-00991 : Gem. Flak-Abteilung 153 (v). 2. Batterie - 25.09.1943
Rapport de combat concernant la destruction d'un Boeing Fortress le 23 septembre 1943 à 9 h 45.
Le 23 septembre 1943, vers 9h25, une formation d'environ 60 Boeing Fortress a attaqué la base aérienne de Vannes. Une vague de la formation a été interceptée à une altitude d'environ 5 000 m et à une distance de 9 600 m. Après avoir réglé le Kdo.Hi.Ger. (1), les tirs ont commencé. La formation a néanmoins maintenu son altitude et sa direction, ce qui a permis de déterminer les valeurs de tir avec calme et précision. Les premiers tirs déjà ont atteint leur cible. La formation volant de 12 vers 5 a été combattue par un tir destructeur de 54 salves de 8,8 cm. Un point d'impact est apparu directement sous un appareil. Celui-ci a immédiatement dégagé un panache de fumée claire et s'est écarté de la formation après 8. Un panache de fumée claire a également été observé sur un deuxième appareil, sans toutefois qu'il ne se détache de la formation.
Le premier appareil a été suivi visuellement jusqu'à 15 km de distance, puis a été perdu de vue en direction 8/9 en raison d'une mauvaise visibilité. Il dégageait en permanence un panache de fumée claire et a légèrement perdu de la vitesse et de l'altitude. La chute et le crash n'ont pas pu être observés. On peut toutefois supposer avec certitude qu'il s'agit de l'appareil qui s'est écrasé vers 9h45 dans le carroyage FN 5/9.
(1) Kommandohilfsgerät : directeur de tir auxiliaire et petit télémètre optique servant d'aide au directeur de tir principal.
Nota : Emplacement de la batterie de Flak: près de la cote 120, à 0,8 km au nord-est de Meucon [aérodrome de Vannes]..
♦ Document T321-0061-00992 : Oberfeldwebel Buck - 1./M.S.-Gruppe 1 - Garnison de Vannes - 24.09.1943
Témoignage

Junkers Ju 52 "Mausi" similaire à l'avion de l'Oberfeldwebel Buck du 1./M.S. ("Minen Such" pour "chasseur de mines").
Ces appareils étaient équipés d'un anneau conducteur de courant de 14 mètres de diamètre pour créer un champ magnétique
qui faisait exploser les mines immergées.
Photo Bundesarchiv Bild 101I-643-4755-30A - Photographe Ohmeyer
" Hier, 23 septembre 1943, nous avons décollé à bord d'un Ju 52 pour une mission de déminage dans la zone maritime de Lorient. Vers 9h45, j'ai aperçu un bombardier quadrimoteur qui s'est écrasé en tournant sur lui même (vrille) à environ 4 000 mètres d'altitude. J'ai vu des traînées de fumée blanche s'échapper des deux moteurs latéraux droits. Au bout de quatre minutes environ, nous avons vu l'appareil frapper la surface de l'eau. Nous avons alors mis le cap sur le lieu de l'accident, mais n'avons retrouvé ni appareil ni équipage.
Lieu du crash : position approximative 47 degrés, 37,2 minutes nord et 3 degrés, 40,4 minutes ouest (carte marine Nt.1004).
J'ajoute également que lorsque j'ai vu l'avion en tout premier, il volait en direction 10."
♦ Document T321-0061-00993 : Oberfeldwebel Dennerl - 1./M.S.-Gruppe 1 - Garnison de Vannes - 24.09.1943
Témoignage
" Je volais le même jour en tant que mécanicien de bord avec l'Oberfeldwebel Buck. À 9h40, l'Oberfeldwebel Buck m'a signalé un bombardier qui s'écrasait. J'ai également pu observer qu'il tournoyait sur lui-même (vrille) et le crash. Les mêmes observations ont été faites par les autres membres de l'équipage (l'Uffz. Blümert et l'Obgefr. Ehbrecht)."
♦ Document T321-0061-00994 : Huken, Leutnant - 3. Kompanie/III./Flieger-Regiment 90 - 25.09.1943
Témoins – Rapport sur la destruction d'un appareil ennemi lors du bombardement de la base aérienne de Vannes le 23 septembre 1943
" Au moment du raid aérien sur la base aérienne de Vannes, le matin du 23 septembre 1943 vers 9h30, je me trouvais à la sortie ouest de la tranchée pare-éclats, à côté de la baraque du secrétariat de la 3e Compagnie du III./Flieger-Regiment 90. Après l'attaque, un groupe de 21 bombardiers ennemis a viré vers le nord-ouest. Soudain j'ai vu, pendant des tirs antiaériens bien placés dans la formation, l'explosion d'un obus juste sous l'appareil de droite du dernier box. L'appareil a émis un panache de fumée et s'est écarté vers la droite de la formation, semblant déjà perdre de l'altitude. Je n'ai pas pu voir le crash en lui-même."
♦ Documents T321-0061-00995 et 00996 : deux croquis
Ces documents (voir annexes) semblent indiquer le parcours de l'avion le 23 septembre 1943 : l'avion est arrivé par le nord, la Flak a ouvert le feu à 9h25 ["Feueröffnung"] un peu avant l'aérodrome puis à viré par sa droite en direction de la côte et donc vers l'ïle de Groix au large de laquelle il est tombé à 9h45 (point bleu) . Cela donne ceci :

Croquis (source Wikipedia) établi sur un fond de carte créé par Eric Gaba, mis à disposition selon le Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported.
La carte a été modifiée : elle a été rognée et on y a ajouté le parcours de l'avion.
♦ Document T321-0061-00997 : Maasch, Oberleutnant - Ic 5. Flakbrigade (mot). - 27.10.1943
Commentaire
" Une vérification téléphonique auprès du Leutnant Lepine (Friedrich) – Officier de liaison Flak au Jafü Bretagne – révèle que l'Oberleutnant Huberts (Correction : Oblt. Huppertz Herbert) a abattu un quadrimoteur le 23 septembre 1943 à 9h23. Le crash de cet appareil a eu lieu à 9h29 dans le carré FM 6. Sur le tir revendiqué par la 2./153, les chasseurs ne font pas valoir leur droit. "
♦ Document T321-0061-00998 : Leichte Flakabteilung 852 (v) - 16.10.1943
Commentaire relatif à la demande de revendication du 6 octobre 1943. Revendication d'un Boeing Fortress II le 23 septembre 1943 à 9h45.
" Référence :
1.) 5. Flakbrigade (mot), Abt.Ic, Br.B.Nr.4985(1921)/43 secret du 12/10/43.
2.) Commentaire du Kommandeur de la IV. Marine-Flakbrigade.
Après avoir pris connaissance de la référence 1) ci-dessus, le détachement constate que la revendication demandée par la Marine n'est pas identique à celle signalée par le détachement, car selon le témoignage :
a) il y a un décalage dans le temps de 20 minutes,
b) l'avion abattu par la Marine s'est d'abord désintégré, avant d'exploser à 2 000 mètres d'altitude, tandis que le quadrimoteur mentionné dans le témoignage a piqué sans se désintégrer et s'est écrasé au contact de l'eau.
De plus, les documents désormais disponibles montrent clairement que l'avion abattu ne peut pas être celui revendiqué par l'Oberleutnant Hubert (Correction : Oblt. Huppertz Herbert) de la 8./JG 2, car :
a) ici aussi il existe un décalage dans le temps de 20 minutes,
b) le lieu de de la revendication se trouve à 30 km de là (2./153 = carré FN 59, Huberts (Correction : Oblt. Huppertz Herbert) = carré FM 6).
Après un nouvel examen, le détachement est arrivé à la conclusion qu'un autre quadrimoteur avait été abattu. Le détachement demande donc que l'appareil qui s'est écrasé à 9h45 dans le carré FN 59 soit attribué à la 2./153 (v) qui lui est tactiquement subordonnée.
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