1er juillet 1941

Vickers WELLINGTON Mk IC
R1413 (code OJ-B)

Port de commerce - Grève Saint-Marc - Brest (29)

(contributeurs : Daniel Dahiot, Jonathan Ives, Dr Keith Gould, Philippe Dufrasne)



Vickers Wellington Mk IC du no 149 Squadron de la RAF en août 1940.
© IWM (HU 107812) -  domaine public


Equipage (149 Squadron RAF 'East India')
tous les membres d'équipage inhumés au cimetière de Brest Kerfautras

Pilot Officer (pilote) Standish Locksley ST. VINCENT - WELCH, (matricule 40142, RAAF) 23 ans, tué.
Fils du Dr Kenyon et de Verlie Adair St-Vincent - Welch, de Shaw, Nouvelle-Galles du Sud, Australie.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 7


Sergeant (pilot ?) William Mervyn SYMMONS (matricule 404129, RAAF), 22 ans, tué.
Fils de William Herbert et Josephine Symmons, de Hamilton, Queensland, Australie.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 25

Sergeant (observateur) William James MEGRAN (matricule 901032 RAFVR), tué.
Fils de James et Gladys Kathleen Megran, de Horfield, Bristol, United Kingdom.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 21


Sergeant (opérateur radio, mitrailleur) Robert Harland CRAFTS, (matricule 18074A, RCAF), 24 ans, tué.
Né le 19 novembre 1917 à Kingsville, Ontario, Canada.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 19



Sergeant (opérateur radio, mitrailleur) Cecil Charles REIDMULLER, (matricule 979560, RAFVR), 23 ans, tué.
Fils d'Auguste et Emma Mary Elisabeth Reidmuller, neveu de Miss G. Cecil, de Haverfordwest, Pembrokeshire, UK.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 8

Flight Sergeant (mitrailleur) Anthony Robert James HARRISON, (matricule 812347, RAF Aux.), 20 ans, tué.
Fils d'Alexander et d'Amelia G. Harrison, Maidstone, Kent, UK.
Parcelle 40, Allée 1, Tombe 29

 


L'équipage du Wellington R1413 pendant leur formation au no 11 OTU (Operational Training Unit)
Photo Dr Keith Gould

L'HISTOIRE

• L'attaque

Ce mardi 1er juillet 1941, 63 bombardiers de type Wellington décollent d'Angleterre pour une mission de bombardement des croiseurs allemands Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen ancrés dans la rade de Brest. Ce groupe de Wellington de la Royal Air Force était divisé en deux sous-groupes, les groupes II et III, un 1er groupe de 5 avions ayant été envoyé sur Cherbourg.
Une source indique que la composition de ces avions était la suivante :
Groupe II :
- 11 avions du No 9 Squadron (plus un Wellington envoyé sur les docks et bateaux dans le port de Cherbourg)
- 10 avions du No 99 Squadron 
- 9 avions du No 101 Squadron
- 15 avions du No 149 Squadron.
Groupe III :
- 8 avions du No 311 Squadron (plus 4 Wellington envoyés sur Cherbourg)
- 10 avions du No 99 Squadron.

Toutefois, cette composition reste à confirmer puisque l'ORB ("Operational Record Book", le carnet dans lequel était consignées les missions avec heures de décollage, de retour, composition des équipages etc...) du no 149 Squadron indique que 15 avions ont décollé ce soir là.

Le raid fut effectué entre 23h11 (le 1er juillet) et 5h05 (le 2 juillet). Les résultats furent difficiles à constater en raison du brouillard et de la fumée sur le port.
Le tonnage de bombes largué cette nuit là fut de :
Sur les installations portiaires et le Scharnhorst (avions du Groupe II) :
- 31,9 tonnes de bombes de 2 000 lb dont 3 bombes de 2 000 lb A.P. ("Armour Piercing" soit des bombes pénétrantes)
- 31,9 tonnes de bombes de 1 000 lb
Sur le Prinz Eugen (avions du Groupe III) :
- 30,2 tonnes réparties en 7 bombes de 1 000 lb, 1 156 bombes de 500 lb SAP et 11 bombes de 250 lb SAP (SAP : "Semi Armour Piercing")

Deux Wellington ont été perdus pendant ce raid : le Wellington Mk IC R1343 était un de ces deux avions, l'autre étant le Wellington Mk IC R1408.
Les Wellingtons du no 149 Squadron étaient partis de la base RAF Mildenhall, dans le Suffolk, où ils étaient installés depuis avril 1937. Depuis janvier 1939, ce Squadron était équipé de Wellington Mk I, IA et IC, qui avaient remplacé les vieux Handley Page Heyford. Ces Wellington furent utilisés jusqu'en décembre 1941, puis furent remplacés par des Short Stirling. Notre Wellington R1343 fut le premier à décoller, à 22h38 le 1er juillet. Il fut malheureusement abattu cette nuit là. Désemparé, l'avion vint s'écraser à proximité du Prinz Eugen, sur les enrochements du port de commerce où il resta longtemps exposé. L'équipage fut inhumé le 7 juillet 1941 au cimetière de Kerfautras à Brest, "venant de l'hopital maritime" selon le registre des convois du cimetière.

Le Wellington Mk. IC R1408 décolla à 22h41. Selon l'ORB du 149 Squadron, deux couches de brume au sol et à environ 5 000 pieds (1520 mètres), au-dessus de Brest, rendirent l'identification de toute cible impossible. De ce fait, certains avions rentrèrent à la base avec leur cargaison de bombes, d'autres les larguèrent. C'est ainsi que la Wellington T2737 (code OJ-A), resta près de 45 minutes au dessus de Brest sans lâcher ses bombes. Le Wellington W5718 (code OJ-O) ramena également ses bombes ; il resta 25 minutes (de 1h20 à 1h45) à 9 500 pieds au-dessus de  Brest mais ne largua pas sa charge en raison du rideau de fumée. Il se dirigea alors vers Cherbourg, la seconde cible, mais ne largua pas de bombes non plus à cause de conditions similaires. L'ORB nous révèle que les autres avions larguèrent leurs bombes en un lâcher (un 'stick'). 

• Côté allemand

Le Prinz Eugen est touché par une bombe qui pénètre à bâbord avant, explose dans les fonds et ravage les postes centraux de tir et de navigation. On dénombre 50 (ou 51) morts à bord dont le commandant en second, le 1.Offizier. Otto Stoss.

- Extrait de "Kreuzer Prinz Eugen...unter 3 Flaggen" (Paul Schmalenbach, 1978)

2 juillet 1941
00h40 : alerte aérienne.
01h44 : touché par une bombe d'un chapelet de six. La bombe perfore le plat-bord (la fourrure de gouttière) à bâbord, le pont batterie, le pont intermédiaire ainsi que le pont blindé et l'entrepont supérieur, en section X. Le poste de commande de tir avant, la centrale de commandement, le poste de commutation d'artillerie et la salle des compas gyroscopiques sont gravement endommagés, la centrale électrique 3 l'est moins, des éclats traversent la double paroi à l'intérieur et à l'extérieur, de sorte que l'eau du dock - pré-inondé (de l'eau destinée au refroidissement et à la lutte contre l'incendie !) - pénètre dans le navire sur une hauteur d'environ 1 mètre.
42 morts sont retrouvés dans les trois jours qui suivent. 31 blessés graves sont envoyés vers des hôpitaux à Brest et près de Paris, dont beaucoup succombent encore, parfois après plusieurs semaines. Au total, 60 camarades sont victimes de l'attaque, dont l'officier en second présent dans la centrale de commandement, le Fregattenkapitän Otto Stoß. La majeure partie des morts est inhumée le 6 juillet dans le cimetière de Brest-Kerfautras*.


Obsèques des 50 victimes allemandes à Brest-Kerfautras après le bombardement du "Prinz Eugen"

Photo © collection Y.Caroff via Archives de Brest (référence 12Fi2365)

Les conséquences matérielles du coup au but sont également désastreuses. Comme le poste de commande de tir arrière et le poste de commutation correspondant ne sont pas équipés, le navire est pratiquement privé de toute possibilité de guidage d'artillerie de cible navale et n'est donc pas opérationnel. Les discussions avec l'arsenal de Brest établissent que les travaux de réparation du navire ne pourront être achevés avant le 10 novembre. La remise en état du câblage demandera encore plus de temps.
C'est pourquoi le 7 juillet, un télex est envoyé à l'Oberkommando der Kriegsmarine en demandant que les pièces de système de guidage de tir (prévues pour d'autres navires en chantier) soient débloquées pour être montées à Brest. Il ne s'agit pas seulement des pièces de l'installation du guidage d'artillerie déjà mentionnées, mais aussi des deux postes de direction de tir de Flak avant avec les calculateurs, les armoires électriques et les accessoires correspondants. Le 10 juillet l'Oberkommando der Kriegsmarine autorise le montage des appareils manquants - Un automoteur diesel-électrique des chemins de fer français est installé en face du navire comme centrale électrique. Au cours de l'automne, une locomotive à vapeur sera ajoutée en tant que chaudière auxiliaire pour le chauffage.
Le 24 juillet, 21 permissionnaires sont blessés lors du sauvetage de Français ensevelis lors d'une attaque aérienne.
Compte tenu du temps d'immobilisation qui va durer certainement jusqu'en décembre, une partie de l'équipage est temporairement débarquée : Le I. AO (Premier Officier d'Artillerie), et une partie de l'équipage du service d'artillerie de cible navale retournent en Allemagne pour s'entraîner au tir sur le navire jumeau ADMIRAL HIPPER. Une partie de l'équipage quitte le navire pour suivre une formation de sous-officier, de nombreux sous-officiers subalternes vont suivre des stages de formation de sous-officier supérieurs. Certains retournent à bord en ayant réussi l'examen.

Transférés à partir de 1966 dans le cimetière militaire de Ploudaniel-Lesneven, au nord de Brest, ce dernier inauguré le 7 septembre 1968.

- Extrait du rapport sur le bombardement du "Prinz Eugen" dans la nuit du 1 au 2.7.1941 – Journal de bord (Kriegstagebuch).

Rapport médical de combat du croiseur Prinz Eugen concernant l'attaque aérienne anglaise du 2 juillet 1941.
Le 2.7.1941, l'alerte aérienne a été donnée à bord à 00h45, car des aviateurs anglais tentaient d'attaquer Brest. A 01h45, un chapelet de bombe est tombé à proximité immédiate du navire en cale sèche, masqué par des filets de camouflage et de la fumée. L'une de ces bombes (probablement une bombe perforante de 500 kg) a frappé le pont supérieur à bâbord, à la hauteur des sections IX et X, a traversé le pont supérieur, le pont batterie, le pont intermédiaire, le pont blindé et a explosé entre l'entrepont inférieur et l'entrepont supérieur. Le poste de commande de tir avant, le poste de commutation de tir avant, le poste de direction de tir avant et la centrale de commandement ont été en partie complètement détruits et les soldats qui s'y trouvaient ont été soit tués, soit intoxiqués par les fumées, soit brûlés.


Schéma de l'attaque - Rapport du croiseur Prinz Eugen

Sources :
 Roland Bohn - "Raids aériens sur la Bretagne durant la seconde guerre mondiale".
• Brest 39/45 - Chronologie d'une guerre
• "The Bomber Command War Diaries : An Operational Reference Book 1939-1945" - Authors, Martin Middlebrook, Chris Everitt
• "A l'ombre de deux clochers: la vie de tous les jours à Plouzané de 1920 à 1951", Yvonne Briant-Cadiou (Pages. 191-192).- Editions nouvelles du Finistère, 1994
Archives Municipales de Brest (Finistère)
Kreuzer Prinz Eugen...unter 3 Flaggen / Paul Schmalenbach, 1978
 Prinz Eugen - Kriegstagebuch

ANNEXES 
Extrait du document AIR-27-1001-14 (Operational Record Book no 149 Squadron RAF) pour la date du 1er juillet 1941

 

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