9 juin 1944

De Havilland Mosquito Mk IV
DZ353 code AZ-B

"La cour", Saint-Erblon (35)

(contributeurs : J.P Favrais, Daniel Dahiot, Frédéric Hénoff, Bernard Gislard, Pierre Mahé, John Telfer, Commonwealth War Graves Commission, Aircrew Remembered)

Mosquito b iv dz353
© profil Jean-Marie Guillou

Le Mosquito DZ353 (code AZ-B) peu de temps avant d'être abattu puisque portant les bandes d'invasion.
La photo est tirée d'une video tournée par Brian Harris, navigateur sur Mosquito au No. 627 Sqn. Source video : Aviation Videos  

Equipage (No. 627 Squadron RAF)
Badge no 627 sqn raf copie

- Flight Lieutenant (pilote) Harry STEERE


photo Imperial War Museum reference IWM (CH 1323)
Matricule 46016, DFC, DFM, 30 ans, RAF, tué
Né le 7 février 1914 à Wallasey (Angleterre).
Fils de Ernest et Bessie STEERE, Wallasey, Cheshire, mari de Joan Margaret STEERE, Wallasey..
Tombe n°1, cimetière de Saint-Erblon (35)

- Flying Officer (navigateur) Kenneth William GALE


photo famille Gale (Colin Jacobsen)
Matricule 404241, DFC, 24 ans, RAAF, tué.

Né le 12 avril 1920 à Brisbane (Australie).
Fils de William James et Margaret Frances GALE de Surfers Paradise, Queensland, Australie.
Tombe n°2, cimetière de Saint-Erblon (35)

SOMMAIRE :
- L'HISTOIRE

- L'EQUIPAGE
- L'AVION
- TEMOIGNAGES
- PIECES DU MOSQUITO DZ353
- COMMEMORATIONS
- IN MEMORIAM (tombes des aviateurs)
- LA PRESSE EN PARLE
- ANNEXES

PARTIE 1

 

L'HISTOIRE

Nuit du 8 au 9 juin 1944
Les 8 et 9 juin 1944, 483 avions attaquent des objectifs ferroviaires à Alençon, Fougères, Mayenne, Pontaubault et Rennes afin d’empêcher les renforts allemands venant du sud d'atteindre la zone de combat de Normandie. L’un des objectifs du Bomber Command est la gare et le triage de Rennes. Avant l’arrivée de l’ensemble des bombardiers constituant la force principale, quatre avions bimoteurs, des Mosquitos, sont chargés de marquer l’objectif à l’aide de fusées éclairantes. La tâche n’est pas aisée car l’objectif, tout comme les approches de l’aérodrome de Saint-Jacques, sont protégés par plusieurs positions de Flak, la redoutable artillerie anti-aérienne allemande. Ces quatre Mosquitoes du No.627 Squadron décollent du terrain de Woodhall Spa, Lincolnshire, à 23h47 (atterrissage au retour à 3h25 pour le dernier). La mission de ces avions a pour but le repérage de l’objectif par des fusées éclairantes de différentes couleurs avant que les vagues de bombardiers de la force principale ne survolent la cible. Pour cette mission, les Mosquitoes utilisent le système de navigation GEE [1], plus adapté que le H2S [2] lorsque comme cette nuit l’objectif est relativement petit. La technique de marquage est la suivante : après avoir survolé l’objectif et largué leurs fusées éclairantes, les Mosquitoes piquent à mort vers le centre de l’objectif et larguent des Target Indicators (des feux de Bengale de différentes couleurs) puis remontent en altitude avec une vitesse ascensionnelle vertigineuse. 

A bord de l’un de ces Mosquitos, le pilote anglais F/L Harry STEERE et son navigateur australien, le F/O Kenneth W. GALE. Lors de leur tentative pour marquer l’objectif, ils sont touchés par des tirs de Flak. Touché par un coup direct, l’avion prend feu immédiatement et s’échappe en  direction  du sud peut-être pour tenter l’impossible, un atterrissage en catastrophe. On capte un dernier message, certainement lancé par le pilote à son navigateur, « sort de là le plus vite possible ! », mais il est déjà trop tard. Le Mosquito passe à basse altitude au-dessus de Pont-Péan, touche la cime d’arbres alors qu’il s’approche du village d’Orgères, puis percute le sol immédiatement après dans une gerbe de flammes près du lieu-dit « la Cour ». Dans le choc, les deux moteurs sont projetés au loin et l’avion se brise en plusieurs parties. Lorsque les premières personnes arrivent sur les lieux, les débris ne se consument plus et l’on retrouve les corps horriblement mutilés des deux aviateurs. Les forces d’occupation allemandes locales arrivent rapidement sur place et demandent à la commune de s’occuper de l’enlèvement et de l’inhumation des deux victimes. Les deux corps sont transportés à Saint-Erblon (35) puis inhumés dans le cimetière communal.

Un rapport ULTRA [écoute par les alliés des communications allemandes] indique pour cette nuit là : " Raid sur la gare et le canal de Rennes. Bonnes indications 23h00 le 8 juin. Les lignes de communication locales ont été touchées. Ligne de communications principale de l’Armée de l’Air Allemande – citation - est signalée - fin de citation - en état de marche. Fortes indications, ville en flammes ".

[1] Le GEE était un système de radionavigation
[2] Le H2S était un système radar à balayage terrain.

Sources : Journal de Guerre du Bomber Command et divers Operational Record Books de juin 1944 (voir annexes)

PARTIE 2

 

 

L'EQUIPAGE


Flying Officer Kenneth William GALE & Flight Lieutenant Harry STEERE

Photo famille Harry Steere via Pierre Mahé (ABSA 39-45)

Flight Lieutenant Harry STEERE


Photo Imperial War Museum - reference IWM CH 1323

Harry STEERE est né à Wallasey le 7 février 1914. Wallasey est une ville située dans la péninsule de Wirral sur la côte ouest de la Grande-Bretagne ; la grande ville de Liverpool se trouve près de Wallasey, sur la rive opposée de la rivière Mersey. Il rejoint la Royal Air Force (RAF) à Halton le 9 septembre 1930 comme apprenti avion (Aircraft Apprentice) et reçoit le matricule 564959 – il a alors 16 ans. Le 29 septembre suivant il entre en formation comme mécanicien cellule (Metal Rigger). Le 18 août 1933, il est promu Caporal (Leading Aircraftman Metal Rigger). Après avoir postulé pour devenir pilote et ayant été sélectionné, il commence sa formation le 25 novembre 1935. Il est nommé Sergent (Sergeant) le 22 août 1936. Le 16 mars 1937, il est confirmé comme sergent mécanicien cellule Groupe 1 (Sergeant Metal Rigger Group 1). On attend d'un ouvrier qualifié appartenant à la RAF et qui a suivi une formation comme pilote qu’il serve durant trois ans avant de retourner à son métier d’origine.

Le 13 juin 1939, lorsque Steere est promu Sergent-Chef (Flight Sergeant), les clauses stipulant un retour à son métier d’origine sont dénoncées, vraisemblablement en raison d’une forte probabilité de guerre. Au début des hostilités, Harry sert au sein du No.19 Squadron basé à Duxford, une unité qui va bientôt voler sur le tout nouveau Spitfire.


Au No. 19 Squadron à Duxford. Harry Steere est debout, à l’extrême gauche.
Photo famille Harry Steere via Frédéric Hénoff

Le Spitfire Mark I K9789 est le quatrième Spitfire construit et le premier à être livré à un Squadron en août 1938. A l’époque, les tests en vol sont effectués par le premier Squadron à recevoir un nouveau type d'avion – soit le No.19 Squadron - et le K9789 est sélectionné pour une série de 500 heures de vols afin d’établir un programme d'entretien après l'usure normale occasionnée par ces heures de vols. Seuls quelques pilotes du No.19 Squadron sont autorisés à effectuer ces tests, Harry Steere est l’un d’entre-eux. Le 11 mai 1940, il partage la destruction d'un Junkers Ju 88, la première victoire du Squadron. Le 26, au-dessus de Dunkerque, il abat un Junkers Ju 87 ; le 27 il partage la destruction probable d'un Dornier Do 17 ; le 28 il abat un Messerschmitt Bf 109 et le 1er juin, il abat un Dornier Do 17 et partage la destruction d’un Messerschmitt Bf 109. Il est décoré le 25 juin 1940 de la Distinguished Flying Medal [1]Le 19 août, il partage la destruction d'un Messerschmitt Bf 110 ; le 9 septembre, il revendique un Messerschmitt Bf 110 probablement détruit ; le 15, il abat un Dornier Do 17 et un Messerschmitt Bf 109 probablement détruit ; le 18, il partage la destruction d'un Heinkel He 111 et d'un Junkers Ju 88 ; le 27 il abat un Messerschmitt Bf 109 et le 28 novembre il abat un autre Messerschmitt Bf 109.


Un groupe de pilotes du No. 19 Squadron discutent d'une récente sortie à Manor Farm, à Fowlmere, en septembre 1940.
De gauche à droite : le Sergeant David E. Lloyd, le Flight Sergeant George « Grumpy » Unwin, le Flight Lieutenant Cyril Arthur Jones,
le Flight Lieutenant Hugh « Cocky » Dundas (du No. 616 Squadron de la RAF), le Flight Sergeant Harry Steere et le
Squadron Leader Brian « Sandy » Lane, commandant du Squadron. Le berger allemand « Flash » du Flight Sergeat de vol Unwin est visible à gauche.

Photo Imperial War Museum - reference IWM CH 1370

Le 8 Décembre 1940, Harry est affecté à la Central Flying School d’Upavon (à l’est de Bath, dans le Wiltshire) pour y suivre une formation d’instructeur puis il est envoyé comme instructeur à la  No. 8 Flying Training School de Montrose (au nord-est de Dundee, en Ecosse). Le 1er avril 1941 il est nommé Adjudant à titre provisoire (Temporary Warrant Officer). Le 26 juin 1941, il est promu officier pour la durée des hostilités avec le grade de Sous-Lieutenant à l’essai ("Pilot Officer on probation") dans la branche du service général de la RAF [2]Le 1er avril 1942, il est promu Lieutenant à l’essai ("Flying Officer on probation") pour la durée des hostilités [3]. Le 29 décembre 1942, il fait fonction de Capitaine (Acting Flight Lieutenant) et est confirmé dans ce grade pour la durée des hostilités le 1er avril 1943 [4]Mais la perspective pour Harry de « disparaitre » au sein du Training Command comme instructeur lui est intolérable. Il fait des pieds et des mains pour réintégrer une unité opérationnelle. Il parvient à ses fins début octobre 1943 en intégrant le No.139 Squadron à Wyton (au nord-est de Cambridge) équipé de bimoteurs Mosquitoes et avec lequel il va être engagé dans plusieurs missions sur l’Allemagne.

Le 13 novembre 1943, il fait partie des équipages prévus pour rejoindre à Oakington (au nord de Cambridge) le No.627 Squadron qui se créé. L’unité est elle aussi dotée de bimoteurs Mosquitoes afin d’assurer au sein du Bomber Command des missions d’éclaireurs d’objectifs. C’est dans le cadre d’une de ces missions qu’il est tué (ainsi  que son navigateur, Kenneth W. GALE) aux commandes de son appareil durant une mission sur la gare de triage de Rennes dans la nuit du 8 au 9 juin 1944. Depuis l’âge de 18 ans, le 7 février 1932, il comptait 12 ans de service régulier au sein de la RAF. Le 23 juin 1944, Harry Steere se voit attribuer la Distinguished Flying Cross (DFC) pour une mission effectuée le 25 mai 1944 [5]

Note : Dans la R.A.F., il était fréquent d’avoir des nominations à titre temporaire à 1, 2 ou 3 grades au-dessus du grade réel permanent. Un officier nommé à un poste prenait le grade incombant à cette fonction. Quand il ne l’occupait plus, il reprenait son grade primitif.

[1] The London Gazette – 25 juin 1940 [D.F.M.] 564959 Flight Sergeant Harry STEERE. " Le Flight Lieutenant STEERE a abattu trois avions ennemis et a participé à la destruction de trois autres. Il a fait preuve d’un grand sang-froid et de bravoure face à l’ennemi et a été par son sens du devoir, à chaque instant, un exemple pour ses camarades pilotes". (voir annexes)
[2] The London Gazette – 25 juillet 1941 : voir annexes
[3] The London Gazette – 24 juillet 1942 : voir annexes
[4] The London Gazette – 2 juillet 1943 : voir annexes

[5] The London Gazette – 23 juin 1944 [DFC] : "Flight Lieutenant Harry STEERE, D.F.M. (46016), Royal- Air Force, No. 627 Squadron. Récemment, cet officier pilotait un avion envoyé attaquer des positions d’artillerie situées sur les côtes françaises. Malgré des tirs antiaériens intenses et continus, le Flight Lieutenant Steere a passé pas mal de temps sur la zone de l’objectif afin d'identifier la cible avec précision. De ce fait, son appareil a été touché par un obus qui a gravement endommagé la gouverne de profondeur droite, imposant à l’avion une montée incontrôlable. Faisant preuve d'un grand sang-froid, le Flight Lieutenant Steere a rapidement transmis des instructions claires à son adjoint afin qu'il prenne le contrôle des opérations. Par la suite, il a réussi à reprendre quelque-peu en main son avion endommagé et à le ramener dans ce pays. Il a fait preuve d'un haut degré d’adresse, de courage et de sens du devoir. Cet officier a effectué un grand nombre de sorties opérationnelles diverses". (voir annexes).
La mission en relation avec l'attribution de la DFC : " 
25.05.1944 Mosquito IV “B” DZ353 00.17 - 02.47 Avion éclaireur – Objectif, batterie d’artillerie, ST VALERY. Les premières fusées sont tombées à 01h29, et étaient légèrement en dehors de la zone. Un Wanganui [1] lâché au-dessus de l’objectif, mais celui-ci ne s'est pas enflammé. À 1h35, avons reçu un coup direct au niveau de la gouverne de profondeur droite, ce qui a imposé à l’avion une brusque montée. Nous en avons informé le contrôleur, qui nous a ordonné de rentrer à la base. 2 fusées de signalisation rouges et marqueurs de cible non utilisés." 

[1] Le Wanganui était un système de balisage de la cible par des marqueurs aériens largués à l'aveugle lorsque le sol est caché par les nuages..

Flying Officer Kenneth William GALE


Kenneth William Gale
Photo famille Gale (Colin Jacobsen)

Kenneth William Gale est né le 12 avril 1920, fils unique de William James et Margaret Francis Gale, de Surfers Paradise au Queensland. Ken est allé à l’école primaire locale avant d’être scolarisé comme pensionnaire au Scots College en 1934. Le dossier scolaire de Ken à Scots le décrit comme un sportif passionné ainsi qu'un étudiant assidu et consciencieux. Le "Clansman", le journal du Scots College, le cite dans des articles sur le football Australien (sorte de rugby) et le cricket. Concernant son football Australien, il est dit : " C'est un bon travailleur en mêlée ouverte mais la frilosité ne l’aide pas dans le jeu au large, la dextérité est bonne mais le placage doit s'améliorer ". Cependant, Ken n’en a pas pour autant été découragé car, de 1934 à 1936, il a été un joueur régulier du Premier XV. L'autre grand intérêt de Ken était le cricket dans lequel il était un beau gardien de guichet, mais parfois un peu décevant à la batte. Il a été vice-capitaine en 1935 et a reçu ses couleurs [note : cravate ou blazer] en cricket et en natation. Il a également été Préfet lors de sa dernière année à Scots en 1935 [un Préfet de collège est un étudiant leader, sorte de délégué]. En quittant l'école, Ken s'est inscrit à un cours de commerce au Commercial College Stott à Brisbane, où il a obtenu son diplôme de commis d'administration. Pendant son séjour à Brisbane, Ken a conservé son intérêt pour le sport et a participé aux Championnats juniors de nage libre où, même s'il n'a rien remporté, il a prouvé la détermination pour laquelle il était reconnu à l'école. Vers 1939, Ken a décidé d'accepter un poste de commis à Gladstone, dans le centre du Queensland, mais comme beaucoup de ses anciens camarades de classe à Scots, il a répondu à l'appel des armes et s'est enrôlé dans la Royal Australian Air Force.


Yorkshire, Angleterre, en février 1942. Photo de l'équipage de l'avion Wellington " N pour Nuts " du No. 458 Squadron de la RAAF,
à la base RAF de Holme-on-Spalding-Moor. De gauche à droite : Sergeant C. C. Chambers (matricule 1359874), RAF, opérateur radio ;
Pilot Officer K. Campbell (matricule 404371), observateur ; Sergeant N. G. Stewart (matricule 400497), second pilote ;
Pilot Officer K. Moore (matricule 400595), capitaine ; Flight Sergeant Kenneth W. Gale (matricule 404241), observateur ;
Sergeant B. G. Buchanan (matricule 404376), mitrailleur arrière.

Photo Australian War Memorial reference SUK10141

On ne sait pas précisément si Ken a suivi une formation de pilote, mais il a fini par être breveté navigateur et a été affecté au No. 458 Squadron au Royaume-Uni, puis en Méditerranée. Ken a ensuite été affecté au No. 221 Squadron, toujours en Méditerranée. Lors d'une mission au large des côtes italiennes, il a, de par sa navigation précise, guidé avec succès son bombardier Wellington qui a coulé le navire ennemi à moteur "Manzoni", près de Capri, le 22 mars 1943. Un navire de 8,000 tonnes, un formidable exploit, qui a valu à Ken d’être décoré de la Distinguished Flying Cross [1].  Sa citation disait : " Il a effectué de nombreuses opérations, la majorité d’entre-elles au Moyen-Orient, les autres en Grande-Bretagne. Tout au long de sa carrière opérationnelle, cet officier a conservé une excellente réputation dans sa détermination face à l'ennemi. L'avion dans lequel il était navigateur a, à plusieurs reprises, été endommagé par les défenses ennemies et a été contraint de ce fait d'effectuer des atterrissages en catastrophe, mais ces évènements n'ont pas affecté la détermination de cet officier à mener à bien chaque vol opérationnel".


Flight Sergeant Kenneth W. Gale à Londres, au Quartier Général de la RAAF,
le 2 juin 1944, une semaine avant sa disparition.

Photo Australian War Memorial reference UK1485

Après sa conversion sur bimoteur Mosquito effectuée au No.1655 Mosquito Training Unit, en octobre 1943, il a rejoint le No.139 Squadron pour une courte durée, des équipages de ce Squadron servant à constituer le No.627 Squadron qui se crée. Il est donc affecté à ce dernier, volant également sur Mosquitoes. Le 9 juin 1944, lors de sa 86ème sortie, Ken et son équipier ont décollé pour une mission au-dessus du nord-ouest de la France durant laquelle leur avion a été touché par des tirs ennemis venus du sol. Les derniers mots entendus sont ceux du pilote ordonnant au navigateur de sauter en parachute et Kenneth et son équipier sont officiellement portés disparus au combat sur la France. Le Commandant de Ken, le Wing Commander G.W. Curry, a écrit une lettre à l'épouse de Ken dans laquelle il disait : " Je peux vous dire que Ken était membre de la Pathfinder force, et avant cela, il avait été engagé dans des bombardements de haut niveau à bord d’avions Mosquito. Il a effectué un grand nombre de sorties avec son pilote, Harry Steere, qui a disparu avec lui. Ils formaient une belle équipe. J'ai moi-même participé à l'attaque dans laquelle ils sont portés manquants et je peux vous assurer qu'ils ont fait un excellent travail qui a contribué de manière significative à l'anéantissement d'un très important centre de triage. Avant et après le Jour J, nous étions très occupés, et certaines des tâches étaient plutôt dures, mais elles n'ont avec certitude jamais rebuté ni Harry, ni Ken. Ils avaient vécu beaucoup de moments difficiles ensemble, en particulier lors de nos raids sur Berlin. Je pense que Ken avait attaqué tous les objectifs majeurs d’Allemagne ".

Le 12 avril 1946, près de deux ans après sa disparition, son père a reçu des informations du Ministère de l'Air. " Le Mosquito de votre fils s'est écrasé dans un champ à Orgères, près de Saint-Erblon, le 9 juin 1944, à 2h00. Selon la population locale, l'avion a été abattu par des tirs anti-aériens. Votre fils et l’autre membre d'équipage ont été inhumés dans le cimetière local par le maire de Saint-Erblon. Un service religieux a eu lieu en présence de presque tous les habitants et les tombes ont toujours été, et sont toujours, très soigneusement entretenues et fleuries ". Kenneth William Gale, DFC, repose en France dans le magnifique cimetière communal de Saint-Erblon, tombe No.2. Ken est peut-être enterré loin de chez lui, mais on se souviendra toujours de lui comme l'un des "Quarante Magnifiques" dans le collège où il a étudié, le Scots College.

Avec tous nos remerciements à John Telfer, Warwick - Australie.

[1] The London Gazette – 21 avril 1944 : voir annexes

PARTIE3

 

L'AVION

Avant d'être affecté au No. 627 Squadron de la RAF, le Mosquito DZ353 était au No. 105 Squadron et portait le code GB-E. Il fut ensuite affecté au No. 139 Squadron et enfin au No. 627 Squadron.

 
Des Mosquitos Mk IV du No. 105 Squadron à Marham en décembre 1942. Le DZ353 est le second avion.
Photo Imperial War Museim - reference HU 95284


Deux Mosquitos Mk IV en formation. Le DZ353 est au premier plan.
Photo Imperial War Museum (IWM) - Collections RAF - WWII (domaine public)


Le Mosquito Mk IV DZ353 en vol.
Photo Imperial War Museum (IWM) - Collections RAF - WWII (domaine public)

Une fois affecté au No. 627 Squadron de la RAF, le Mosquito DZ353 fut photgraphié et filmé par Brian Harris, navigateur sur Mosquito dans le même Squadron.


Dans cette vidéo faite par Brian Harris en 1944, le Mosquito DZ353 (code AZ-B) apparaît à la 23e seconde tiré par un tracteur d'aviation.
Il est orné des bandes d'invasion ce qui nous laisse supposer que cela fut tourner très peu de temps avant la fin tragique de Steere et Gale

Vidéo collection Brian Harris - source Aviation Videos


Flight "A" – terrain d’Oakington, mars 1944. Au centre, le Mosquito "AZ-B" DZ353
Photo collection Brian Harris (navigateur au No. 627 Squadron RAF)

PARTIE4

 

TEMOIGNAGES

Messieurs CHAZEAU, CRAMBERT et QUINTON.
Le Mosquito ayant toute la partie arrière en feu, passa au-dessus de Pont Péan au sud de Rennes. M. Chazeau, habitant Pont-Péan, se souvient très bien d'avoir vu l'avion désemparé en feu passer au dessus du village. Un autre témoin de ce même village vit l'avion en feu passer très bas en faisant un bruit épouvantable, se souvient-il. L'avion passa au dessus d'un petit bois, faucha la cime de plusieurs sapins et s'écrasa dans une prairie, pas loin d'un château d'eau, et du château de la "Villesbret". Juste après la chute, M. Crambert se rendit sur les lieux, l'avion était complètement détruit, mais ne se consumait plus, et le pilote et le navigateur restés dans l'appareil étaient malheureusement morts, déchiquetés. La nuit même, il fut fait deux cercueils par des menuisiers et ensuite ils furent transportés au village de Saint-Erblon et déposés dans le bas de l'église. Et pendant la nuit, ils furent inhumés dans le cimetière de cette même commune, sans doute de la peur, de la tournure qu'aurai pu prendre un enterrement public, en présence de l'occupant.


En 1983, la famille d'Harry Steere, se rendit en France sur les lieux du crash et rencontra M. Crambert.
De gauche à droite : M. Crambert,  Robin Steere (fils d'Harry Steere) et son fils Brian Steere.

Témoignage de M. Quinton. Le Mosquito devait éclairer la cible pour les bombardiers en mission sur la gare de Rennes. Il se pourrait que l'une des fusées éclairantes avec son parachute soit restée accrochée à celui-ci et la fusée transmit le feu à l'avion. Le pilote et le navigateur essayant sans doute d'atterrir en urgence dans un champ [ en fait l'avion fut touché par la flak]. L'avion se présenta au dessus de Pont-Péan, à hauteur du lieu dit "Villesbret", en passant au dessus d'un petit bois, l'avion accrocha la cime de quelques sapins (des morceaux de bois de l'avion furent trouvés dans les sapins). A ce moment, l'avion percuta le sol dans un champ derrière le bois et les moteurs furent projetés plus loin. Les débris de l'avion restèrent assez longtemps dans le champ. Un jour le propriétaire traîna à l'aide de ces chevaux les gros morceaux, dont les moteurs au bord de la route d'Orgères.


La même année, ils rencontrèrent également M. Quntion.
De gauche à droite : Robin Steere (fils d'Harry Steere), Mme Mahé, M. et Mme Quinton, Mme Steere, sa fille Heather et un neveu.

Témoignages collectés par Pierre Mahé entre 1981 et 1982.
Messieurs Crambert, Quinton et Robin Steere sont aujourd'hui décédés.

Messieurs GENDRON frères et Monsieur HOUGET
M. Jean-Baptiste Houget, demeurant à la ferme de la “Cour” en Saint Erblon, avait 12 ans en juin 1944. Il se souvient très bien du crash de l’avion anglais. Il était un des premiers témoins sur les lieux des restes de l’avion, le lendemain matin. Une partie de l’avion avait glissé dans le bas de la prairie, sans doute l’avant de l’appareil, vers la partie Est de la prairie, près du talus, juste à la limite de la commune de Saint Erblon et Orgères. Le corps d’un des deux aviateurs était encore à son poste, vraisemblablement celui du pilote. Un corps fut retrouvé déchiqueté dans le champ. Monsieur Houget père, reçut des allemands l’ordre de prévenir Monsieur le Maire afin de procéder aux inhumations. Deux cercueils furent fabriqués. Les victimes furent inhumés dans la soirée en présence d’une trentaine de personnes.


La ferme de la famille HOUGET père



Monsieur Jean-Baptiste HOUGET et les frères GENDRON.
La flèche rouge derrière eux indique l'endroit où l'avion accrocha la cime des arbres ce 9 juin 1944.

Les frères Gendron sont arrivés à la ferme de “La Retenue” en 1952. De nombreuses pièces de l’avion furent retrouvées dans le champ et les talus, dont un extincteur en très bon état.


Les frères GENDRON nous montrent l'extincteur de l'avion retrouvé quasiment intact.

PARTIE5

 

PIECES DU MOSQUITO DZ353 (retrouvées par les frères Gendron et Bernard Gislard - photos ABSA 39-45)

Extincteur mosquito dz353
L'extincteur de l'avion

Jambe de train mosquito dz353
Une jambe de train

Morceau de tole mosquito dz353                        Piece de moteur mosquito dz353 
                                    Un morceau de tôle                                                                                                
Une pièce du moteur

Trappe de visite mosquito dz353                 Piece axe de commande mosquito dz353
                               Une trappe de visite                                                                                     Une pièce de l'axe de commande

Piece de tole de la derive du mosquito dz353
Morceau de tôle de la dérive

Pipe echappement mosquito
Pipe d'échappement

Raccord hydraulique mosquito
Raccords hydrauliques et pièces diverses

Piece mosquito dz353 1     Piece mosquito dz353 4      Piece mosquito dz353 2     Piece mosquito dz353 5


Autres pièces

PARTIE6

 

COMMÉMORATIONS ET VISITES DES FAMILLES (photos ABSA 39-45 sauf mention contraire)

Dimanche 29 avril 2012
Gary Crooke, neveu de Keneth Gale, est venu d'Australie à Saint-Erblon avec son épouse visiter les lieux où était tombé le Mosquito de son oncle. Il fut reçu à la mairie par M. le maire et M. Follic, ainsi que par Pierre Mahé, Daniel Dahiot et Bernard Gislard de l'ABSA 39-45. La journée fut consacrée à découvrir les pièces du Mosquito, à se recueillir au cimetière et à regarder l'album de photos du 11 novembre. En remerciement, Gary a offert à M. le maire un tableau avec un boomerang Australien.

11 Novembre 2011
Plusieurs temps forts à Saint-Erblon (35) pour rendre hommage aux aviateurs et informer les habitants de la commune :

a) Un déplacement sur le lieu du crash avec la famille de Harry Steere et une représentation diplomatique Australienne

b) un rassemblement à la mairie pour un cortège vers l'église puis le cimetière pour un hommage

Les textes lus par les enfants des écoles des Colombes et Saint-Jean

c) une remise de médailles de la ville, dont une remise à Daniel Dahiot, président de l'ABSA 39-45

d) une séance de témoignage de témoins de l'époque, les frères Gendron et M. Houget, en ampithéâtre devant les enfants des écoles.

e) Une exposition organisée par l'ABSA 39-45 du 7 au 11 novembre 2011, visitée entre-autres par les classes de CM1 et CM2 des écoles de la commune qui, lors de ces journées commémoratives, liront des textes en hommage aux aviateurs disparus. Diverses pièces (parmil elsquelles le moteur et la roulette de queue du Messerschmitt Me 109 d'Harti Schmiedel) et mannequins en uniformes furent exposées.


En haut à droite et ci-dessous, la maquette du Mosquito DZ353 réalisée par Pierre GIMONT


L'équipe de l'ABSA 39-45 (Bernard Gislard, Michel Dolcini et Pierre Mahé) avec les frères Gendron, témoins de l'époque.

Jeudi 11 novembre 2010 - Saint-Erblon (35) : hommage aux aviateurs et inauguration d'une plaque aujourd'hui devant la mairie.

 

 

 

 

PARTIE7

 

IN MEMORIAM

♦ Tombe de Harry Steere après guerre au cimetière communal de Saint-Erblon


Photo famille Steere via Pierre Mahé (ABSA 39-45)

♦ Les tombes de Harry Steere et Kenneth William Gale au cimetière de Saint-Erblon aujourd'hui

  
Photo collection Frédéric Hénoff




Photos collection Benoit Paquet (ABSA 39-45)

PARTIE8

 

LA PRESSE EN PARLE

Ouest-France - 12 juin 2019 - Saint-Erblon (35).

Ouest-France - 12-13 novembre 2011 - Saint-Erblon (35).

Ouest-France - novembre 2010 - Saint-Erblon (35).

 

PARTIE9

 

ANNEXES

♦ Operational Record Book du Squadron 627 pour la nuit du 8 au 9 juin 1944
   (source documents  : The National Archives)



pages 2 et 3 de l'ORB AIR-27-2148-15
La première partie du texte encadré en rouge indique que le 8 juin 1944, 4 avions décollèrent pour marquer un carrefour ferroviaire à Pontaubault (50).
Puis la seconde partie évoque la mission du Mosquito DZ353 : 
" 4 avions marquaient la gare de triage à RENNES. Un Mosquito a largué 2 fusées de marquage rouges et vertes,mais notre avion n'a pu
observer le bombardement de la force principale car ils étaient trop bas et la Flak était intense. On a entendu le leader des marqueurs
H. STEERE et K. GALE qui étaient chargés de larguer le marqueur n°1 - voir annexe suivante) dire qu'il avait été touché et qu'il était en flammes.
Un avion n’est pas rentré (F/L. STEERE DFC. DFM.) Le F/L STEERE s’est vu décerné aujourd’hui une D.F.C. immédiate.
"


page 4 de l'ORB AIR-27-2148-16
Cette page nous apprend que l'avion de STEERE et GALE avait décollé à 23h47. On y lit le texte suivant :
"Objectif RENNES. Cet avion n’est pas rentré. A appelé pour dire qu'il était touché et en flammes au-dessus de l’objectif.
Entendu dire "Sort de là le plus vite possible", supposé être adressé au navigateur.
"
A noter que Brian Harris, du No. 627 Sqn, auteur de la vidéo un peu plus haut, était ce jour-là à bord du Mosquito DZ482 code AZ-P piloté par 
le F/O. Thomson pour la mission sur Pontaubault (cadre vert).




page 87 et 88 de l'ORB AIR-27-2149
La 1ère page du document précise que le marquage fut réussi par la combinaison du système OBOE (localisation de l'objectif par
utilisation de transpondeur radios) et de marqueurs (fusées) rouges. On y lit le déroulé des évènements comparé au plan d'attaque.
La 2ème page du document est un rapport de dommage suite au raid du 9 juin effectué le 10 juin à 9h15. On y lit :
La route qui enjambe le pont à l'extrémité ouest de la gare de triage a un mur latéral brisé suite à un tur proche, mais le tablier du pont est intact.
Un ou deux petits cratères sont visibles sur la voie permanente au niveau du rétrécissement des voies de la gare de triage, et une voie est coupée.
D'importants dégâts sont visibles à proximité des voies de triage et de la gare. Au moment de la prise de vue, des incendies font rage parmi des
maisons et des installations industrielles. Le détail des dégâts est fourni dans le rapport complet.
NB : Aucune photographie n'a été jointe à ce rapport.
". La photo sous le texte est difficile à interpréter.

♦ Operational Record Book du Squadron 463 pour la nuit du 8 au 9 juin 1944
   (source documents  : The National Archives)

Parmi les bombardiers ayant participé au bombardement sur Rennes cette nuit du 8 au 9 juin 1944, 14 Lancaster Mk I et Mk III appartenant au No. 463 Squadron de la RAF. Ci-après les ORB de cette unité.


page 1 de l'ORB AIR-27-1921-15
Le texte encadré de rouge précise : " Une journée meilleure aujourd’hui. En opération. Objectif : RENNES. Poursuivant l'attaque des lignes de
communication ennemies, notre Squadron a participé à l'attaque de cet important noeud ferroviaire et de triage. L'opposition de Flak a été
considérable. Les P/O Sanders et P/O Mustard ont été touchés au-dessus de l’objectif, mais tous deux ont rapporté de bonnes photographies
qui révèlent une excellente concentration. La météo au décollage et au retour a été très mauvaise, nos gars ont dû atterrir vers le Nord "
.


pages 8 à 11 de l'ORB AIR-27-1921-16.
On y trouve la laiste des 14 équipages de Lancaster Mk I et Mk III ayant participé au bombardement de Rennes. Les avions décollèrent entre 22h50
et 23h18 et revinrent à la base entre 4h23 et 5h20. A titre d'exemple le compte rendu du Lancaster Mk III ED611 piloté par le P/O. N.W. Sanders : 
" Sortie terminée. Fine couche de nuages – légère brume. Tirs ponctuels rouges et T.I. [Target Indicators] verts en ligne de mire – retard de 4 secondes.
Touché par la DCA, j'ai dû zigzaguer. 8 250 pieds, 01h5. 4 x 1 000 SAP (États-Unis) [bombes américaine de 1000 livres], 10 x 5 00 GP
[bombes anglaises de 500 livres]. Pas de temps pour l'observation - Flak trop présente, "notre nuit sans". Un pneu a éclaté au décollage,
à plus de 150 km/h. Nous avons eu pas mal de difficultés pour faire décoller l’avion, ayant rebondi deux fois sur une roue. Cependant,
nous avons poursuivi uniquement pour être accueillis au-dessus de l’objectif par de considérables tirs venus du sol, ce qui nous a obligés à
faire trois essais fictifs et finalement nous avons effectué notre dernière passe sur le bon cap, lorsque nous nous sommes fait tirer dessus
considérablement. TOUT L'ÉQUIPAGE A DÉCLARÉ : Sur une roue, le pilote a fait un superbe effort au décollage et à l'atterrissage.
Cela n'aurait pu être aussi bien que si nous en avions eu deux.

♦ Operational Record Book du Squadron 467 (Royal Australian Air Force) pour la nuit du 8 au 9 juin 1944
   (source documents  : The National Archives)

Parmi les bombardiers, 10 bombardiers de type Lancaster Mk I et Mk III ont également participé au bombardement sur Rennes cette nuit du 8 au 9 juin 1944.


pages 3 et 4 de l'ORB AIR-27-1931-11.
Dans l'encadré rouge, on peut lire la liste des 14 commandants d'avion qui furent affectés à la mission suivi du texte suivant :
" Les conditions météorologiques ont été très mauvaises au décollage et par conséquent l’AUS418812 P/O P.W. RYAN, qui effectuait là son premier
vol solo a été retiré du programme. Tous les autres sont partis. L’objectif était RENNES. Deux nouveaux équipages, ceux des AUS427177 F/O W.R.
WILLIAMS et AUS418812 P/O P.W. RYAN ont été affectés au Squadron. Pendant la journée, 4 vols, totalisant 8 heures, ont été effectués. Tous les
avions sont rentrés au pays et tous ont été détournés vers CATFOSS en raison de conditions météorologiques défavorables. Malheureusement,
l’AUS422259 P/O H. A. PARKINSON s'est écrasé lors de son circuit et quatre membres de l'équipage ont été tués. Le pilote et le mécanicien
sont décédés plus tard dans la journée, tandis que l'opérateur radio en réchappait avec des blessures légères. Un très mauvais coup pour cet
équipage qui avait l'étoffe d'une très bonne équipe. Les conditions météorologiques sur CATFOSS ont été également très mauvaises et le
P/O PARKINSON a heurté un arbre en dehors de l'aérodrome. La majorité des équipages, après avoir effectué leur circuit pendant environ
une demi-heure, sont repartis vers diverses stations du Groupe 5 et ont atterri en toute sécurité. Au-dessus de l’objectif, la base des nuages était
à 8000 pieds, autrement la visibilité était bonne. Très peu d'équipages ont observé les résultats du bombardement, mais ceux qui l'ont fait
ont tous trouvé qu'il était très concentré. Le P/O SAYERS a été enveloppé par environ cinq projecteurs, est descendu à 2000 pieds puis a ouvert
le feu sur les positions de projecteurs. De la Flak légère a été essuyée, mais les seules ombres au tableau durant le trajet ont été les conditions
météo au décollage et au retour, particulièrement durant ce dernier. 20 x 1000lb SAP USA, 4 x 1000lb GP USA, 24 x 500lb MC et 180 x 500lb GP
ont été utilisées. Aujourd'hui, on est au repos. 13 vols, totalisant 3 heures, ont été effectués durant la journée.


pages 9 à 12 de l'ORB AIR-27-1931-12.
On y trouve la laiste des 14 équipages de Lancaster Mk I et Mk III ayant participé au bombardement de Rennes. Les avions décollèrent entre 22h48
et 23h15 et revinrent à la base entre 4h10 et 5h18. A noter que le Lancaster Mk III LM440 n'a pas pu rejoindre sa base de départ mais s'est écrasé
à 3h57 près de la base RAF de Catfoss, dans le Yorshire. Malhereusement 4 membres d'équipage furent tués et 2 sérieusement blessés
décédèrent plus tard. Le seul survivant fut l'opérateur radio, le Flight Sergeant Mossenson, néanmoins blessé.

♦ Operational Record Book du Squadron 50 pour la nuit du 8 au 9 juin 1944
   (source documents  : The National Archives)

18 bombardiers du No. 50 Squadron de la RAF furent également affectés à la mission de bombardement sur la gare de triage de Rennes pour la nuit du 8 au 9 juin 1944. 17 seulement l'effectuèrent. Ci-dessous les ORB du Squadron pour cette opération.


pages 4 de l'ORB AIR-27-488-11.
On peut lire dans l'encadré : " BOMBARDEMENT SUR RENNES :
Dix-huit avions ont été affectés à l’attaque de l’objectif ci-dessus. Malheureusement, l'un d'entre eux (P/O Gilmour
[1]) n'est pas rentré et un autre
(F/O Enoch) a été retiré immédiatement avant le décollage. Les autres ont poursuivis vers l’objectif sans incident particulier et l'ont attaqué avec
succès. 10/10e de couches nuageuses minces, base à 6/7 000 pieds. Objectif identifié par des feux de Bengale rouges et des marqueurs verts.
L’objectif était bien repéré et le bombardement apparait concentré. Sortie achevée au matin du 9.6.44.
(34 x 1 000 MC., 238 x 500 GP)
 [34 bombes MC (Medium Capacity) de 1000 livres et 500 bombes GP (General Purpose) ont été larguées] 
"

[1]Touché par la Flak - S'est écrasé à Betton, près de la ferme de La Foye (Nord de Rennes). Lancaster - LL841 - VN-O.
Tous les membres de l'équipage ont péri dans l'accident et sont enterrés au Bayeux War Cemetery.


pages 10 à 12 de l'ORB AIR-27-488-12.
Ci-dessus la liste des 17 appareils qui effectuèren,t la mission. A noter que le Lancaster Mk I LL841 (code VN-O) n'est pas rentré. A l'époque de l'ORB,
il est précisé qu'aucun message ou signal n'a été reçu. Nous savons depuis que l'avion, touché par la Flak, est tombé à Betton (35) près de la ferme
de La Foye, au Nord de Rennes. Tous les membres de l'équipage ont péri dans l'accident et sont enterrés au Bayeux War Cemetery.

Voici deux photos prises par deux Lancasters du No. 50 Squadron au dessus de la gare de triage de Rennes.


Photographie prise durant le bombardement par le Lancaster LM391 appartenant au No.50 Squadron et piloté par le Pilot Officer PETHICK.
Photographié à 4.000 pieds. 
Photo International Bomber Command Centre (IBCC)


Photographie prise durant le bombardement par le Lancaster LL922 appartenant au No.50 Squadron et piloté par le Pilot Officer MILLIKIN.
Photographié à 7.000 pieds. Photo International Bomber Command Centre (IBCC)


Localisation des deux photographies ci-dessus sur une photo aérienne de Rennes dans les années 50-60.

♦ Unités de Flak allemande présentes à Rennes en juin 1944 : c'est probablement l'une de ces unités qui a touché l'avion de Steere et Gale.
- Flak-Regiment 15 (v) – 1 juin 1944 à Rennes, subordonné à la 13. Flak-Division
- Kommandeur : Oberst Paul Heck, 24 juillet 1943 – 1er octobre 1944
- leichte Flak-Abteilung 90 (mot.)
- leichte Flak-Abteilung 752 (v)
- leichte Flak-Abteilung 912 (v)
- leichte Flak-Abteilung 852 (v)
- gemischte Flak-Abteilung 441 (o)
- gemischte Flak-Abteilung 596 (o)
- gemischte Flak-Abteilung 497 (v)


(o) = ortsfest [stationnaire]
(v) = verlegefähig [délocalisable, partiellement motorisé]
(mot.) = motorisiert [motorisé]

Dans son rapport de mission (page 9 de l'ORB AIR-27-1921-16 ci-dessus), le Squadron Leader FORBES, à bord du Lancaster Mk I LL790 déclarait au sujet de la Flak : " Les défenses sur l’objectif étaient composées d'environ 12 positions de Flak légère, 1 de Flak lourde et de 4 projecteurs ".

♦ Journal "Ouest-Eclair" du 10-11 juin 1944.
(Source gallica.bnf.fr  Bibliothèque nationale de France )
A cette époque, le quotidien était à la main de la Collaboration et le bombardement de Rennes fut utilisé à des fins de propagande comme on le voit dans cet article intitulé " Un raid terroriste de l'aviation anglo-américaine sur la population civile de Rennes ".



Ci-dessous l'article en gros plan.

 

 

♦ The London Gazette, 25 juin 1940 : publication de la DFM d'Harry Steere

♦ The London Gazette, 25 juillet 1941 : Harry Steere est promu officier pour la durée des hostilités avec le grade de sous-lieutenant à l’essai (Pilot Officer on probation).

♦ The London Gazette, 24 juillet 1942 : Harry Steere est promu lieutenant à l’essai (Flying Officer on probation) pour la durée des hostilités.

♦ The London Gazette, 2 juillet 1943 : Harry Steere est confirmé dans le grade de Acting Flight Lieutenant pour la durée des hostilités le 1 avril 1943

♦ The London Gazette, 23 juin 1944 : Kenneth William Gale est décoré de la DFC.

♦ The London Gazette, 23 juin 1944 : Harry Steere est décoré de la DFC.

♦ Extrait du rapport de Gendarmerie manuscrit concernant l’accident d’avion tombé à Orgères, près de Rennes, France
" Légion de Bretagne – Compagnie d’Ille-et-Vilaine – Section de Rennes - Brigade de Bruz, repliée à Pont-Péan.
Rapport de l’Adjudant TONQUEDEC Eugène, Commandant la brigade sur la chute d’un avion anglais à saint-Erblon.
Le 9 juin vers 1 heure, au cours du bombardement de la ville de Rennes, un avion anglais (Mosquito) touché par la D.C.A. est tombé en flammes au lieu-dit La Cour, commune de Saint-Erblon. Les deux aviateurs montant l’appareil ont été tués et l’appareil complètement détruit. Des soldats de l’armée d’occupation se sont présentés sur les lieux de l’accident. Aucun civil n’a été tué ou blessé au cours de cette chute d’avion.
"

Rapport gendarmerie bruz 9 juin 1944

♦ Transcription d'n courrier du Ministère de l'Air daté du 23 février 1946 adressé à Madame Steere :

" Chère Madame,
Vous remerciant de votre lettre du 18 février, je suis heureux que vous ayez reconnu l'alliance, comme étant celle de votre époux, ce qui confirme que les renseignements que nous avons reçus concernent bien l'avion dans lequel se trouvait votre époux. Les renseignements précisent que l'avion est tombé dans une lande d'Orgères, près de Saint-Erblon, à 9 km au sud de Rennes, Ille et Vilaine, France à deux heures du matin le 9 juin 1944. Malgré l'ordre des autorités allemandes d'enterrer les membres de 1'équipage sur place, le maire a mis les deux corps en bière et, après un office religieux, ils ont été enterrés en la présence de presque tous les habitants dans le cimetière de St Erblon. Les tombes ont été désignées : Première tombe - un capitaine aviateur, pilote. Deuxième tombe - un officier aviateur observateur. Les tombes ont toujours été très bien entretenues, et décorées de fleurs.
Je suis désolé que ces nouvelles vous parviennent si tardivement, et j'espère que vous pourrez être consolée dans votre grande perte d'apprendre que les habitants de la commune aient rendu un si bel hommage à votre mari et son camarade. Je vous remercie pour votre offre d'aide, mais nous avons terminé notre enquête. J'aimerais, cependant, vous dire que nous apprécions énormément toute aide, car nous avons souvent si peu pour nous aider dans notre tâche.
Dans le cas présent, nous avons d'abord reçu les renseignements suivants : les initiales d'un membre de l'équipage étaient H.S. et s'appelait LOOD ou WOOD et ses initiales étaient U.C.. Il semblerait que ce dernier renseignement ait été basé sur une plaque d'avion portant la mention U/C LOCK (Under Carriage Lock) verrou du train d'atterrissage), qu'un habitant dans la commune avait pris par erreur pour une plaque d'identité. La D.F.M. (Distinguished) Flying Medal). Médaille d'aviateur) de votre mari nous est parvenue en même temps que l'alliance; et nous avons pensé que vous voudriez la reprendre également. Veuillez agréer, etc...".

♦ Maquette du Mosquito IV DZ353 (AZ-B) du No. 627 Squadron RAF

Maquette mosquito dz353

 

Sources : 
- Aircrew Remembered

- Australian War Memorial
- The London Gazette
Journal de Guerre du Bomber Command
- International Bomber Command Center 

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